Petits crimes conjugaux
Fiche
- Année
- 2003
- Édition
- Albin Michel
Extrait
GILLES Raconte-moi. Aide-moi à me retrouver. Lisa désigne les peintures accrochées au mur. LISA Qu’est-ce que tu penses de ces tableaux GILLES Du bien. Ils sont la seule chose que j’apprécie dans cet appartement. LISA Vraiment GILLES Ils ont l’air du même peintre. LISA Ils sont de toi. GILLES (par réflexe) Bravo moi. (Surpris) De moi LISA Oui. GILLES En plus d’écrire, je sais… peindre LISA Il faut croire. Gilles examine les tableaux, d’abord méfiant, puis ravi. GILLES Décidément, je découvre que je suis un type formidable, en dehors d’une petite déficience sur le ménage : bien marié, bon amant, peintre, inventeur de théories. (Avec désarroi) J’aurais aimé me connaître. LISA (espiègle) Tu te serais beaucoup plu. Gilles ne relève pas l’ironie. GILLES Est-ce que je gagne ma vie aussi avec la peinture LISA Non. Seulement avec tes romans policiers. La peinture demeure juste un passe-temps. GILLES Ah… (Il la contemple, mal à l’aise.) Quel genre de mari est-ce que j’étais LISA Sois plus précis. GILLES Est-ce que j’étais un mari jaloux LISA Pas du tout. GILLES (étonné) Ah bon LISA Tu me disais que tu me faisais confiance. Et j’aimais bien ça. GILLES Est-ce que tu… profitais de mon absence de jalousie LISA Pour GILLES Pour me donner des raisons d’être jaloux. LISA (souriant) Non. Il respire avec soulagement. GILLES Et moi, est-ce que j’étais… fidèle Amusée, elle prend le temps de le dévisager, jouissant de l’angoisse qui paraît sur son visage, avant de finir par lâcher : LISA Oui.