L´archange déçu
Fiche
- Année
- 1975
Extrait
(...) Je me dressais et battais l'air de mes bras tendus, d'abord lentement, lourdement, péniblement, et sans grands résultats, tant l'air me semblait inconsistant, insaisissable. Puis ma persévérance était récompensée, l'air ambiant se solidifiait peu à peu - c'est du moins la sensation que j'associais à celle de légèreté qui m'envahissait simultanément-, je pouvais véritablement prendre appui sur l'atmosphère et me soulever, me hisser, m'élever enfin avec aisance dans l'espace. Ma technique de vol se faisait alors moins contraignante, voler devenait un art sublime, l'art d'être libre comme l'air, l'art de devenir l'air. Mes bras, mon corps se dissipaient de mon être, et je planais longtemps, oiseau immatériel, porté par les vents de l'esprit, de plus en plus haut, de plus en plus loin, au-dessus des mornes plaines de l'existence, au-delà des montagnes de la raison.