LE MENSONGE DES CUR VINEZ _ Conte social

Envoyé sur une planète voisine de la terre, la Chtone, le narrateur découvre un monde inégalitaire, où la forme du nez, considérée comme l' indice de qualités et vertus innées et héréditaires, détermine le statut social de chaque individu. En réalité, il s' agit d' une supercherie médicale qui permet de perpétuer la hiérarchie intangible entre Curvinez, Rectinez et Troussinez. Après s' être étonné, en dépit d' une terminologie très particulière, des étranges similitudes entre les conceptions et les institutions des chtoniens et des terriens, Stranger finit par s' intégrer à la société chtonienne au point qu' au moment où il apprend qu' il ne pourra plus retourner sur la Terre, il témoigne, devant une commission d' enquête, contre Spartaco, qui ambitionne de dénoncer le "mensonge des Curvinez".

Fiche

Extrait

"Ceux qui ont le nez droit, les rectinez, sont proportionnellement très nombreux en sont sinon les plus actifs, en tout cas les plus intelligemment actifs. Qu' ils soient "intelligemment actifs" signifie qu' ils utilisent leur intelligence dans la mesure où on leur a appris à le faire et pour autant qu' ils y soient autorisés. La production, l' économie, c' est eux jusqu'au plus haut niveau de la gestion de l' Outil, mais à l' exclusion de la possession de celui-ci. La recherche, l' hérésie - nous dirions, nous les Terriens, la science à tous les niveaux - c' est eux, sauf dans le domaine de la haute biologie éthico-sociale. Celui-ci est réservé à de grands Maîtres curvinez assistés par les plus hautes autorités "sectaires" ou, si l'on veut - c' est sans doute ce que nous dirions - religieuses. La raison en est, paraît-il , les risques inhérents à ce domaine pour l' évolution de la "Gumitude" tout entière et l' avenir de la civilisation chtone. (P.58) "..."Thyl avait raison, j' en suis maintenant sûre: le plus grand fléau social, celui qui résiste à tous les régimes et à toutes les époques, ce n' est pas la misère, ce n' est pas la tyrannie, ce ne sont pas les guerres, c' est la servilité. "(P.71)