La corruption sentimentale
La Corruption sentimentale analyse avec minutie le système des «rentrées littéraires» dans tous ses aspects et carbonise ses vedettes. L'auteur le fait avec rage, mais équité, savoir et savoir-faire. Encore un pamphlet ! dira-t-on. Quand les choses sont arrivées à un certain point, on n'a plus d'autre choix que de «gueuler», mais avec des arguments et de l'humour. D'autant que la fin n'est pas inéluctable.
Que l'on soit écrivain, libraire ou simple lecteur, on est forcé d'admettre que le phénomène de la rentrée littéraire à la française, propre à notre culture, s'est encore accentué depuis 1998. Inflation des titres, tirages moyens plus faibles, lancements fracassants : fin août-début septembre, c'est la déferlante. Libraires, critiques et lecteurs sont submergés. Rentrée 2001 : 575 romans !
Le marketing devient donc dominant. En synergie avec les principaux titres de la presse quotidienne et hebdomadaire, les émissions de télévision à succès, le marketing se dévoue afin qu'un cartel d'éditeurs rafle les principaux prix de la rentrée : ceux qui font vendre.
La littérature de création y trouve-t-elle son compte ? Certainement pas. De septembre à novembre, les libraires ne savent plus où mettre cette abondante production romanesque d'une saison ; les critiques, débordés, n'ont plus le temps de lire, tandis que les lecteurs, harcelés, doivent impérativement jeter leur dévolu sur une dizaine de titres qu'on les presse d'acquérir, au détriment de leur libre choix.
La foire d'empoigne culmine avec la remise du Goncourt et de ses acolytes. Trois mois ont passé pendant lesquels des romans novateurs, des essais importants, des ouvrages de recherche ont été ignorés. De pseudos romans d'avant-garde ont été lancés avec fracas, signes de stratégies plus ou moins secrètes. La guerre du faux fait rage.
Chaque année, la répétition insensée de la comédie mobilise toute la chaîne du livre pendant des mois. Le marché, artificiellement dopé, stagne le reste du temps.
Des solutions existent pourtant. Ce livre en propose.
Fiche
- Année
- 2002
- Édition
- Cri (Le)