Au rythme des déluges
Fiche
- Visuel
- Année
- 2000
- Édition
- Labor
Extrait
J´étais nu. De cette nudité imbécile et un peu vulgaire. Je n´aime pas être nu. Je suis beaucoup trop maigre. Mes pouces et mes index se rejoignent trop facilement à nouveau autour de mes hanches. J´étais nu. Dans un parc. Ou quelque chose qui y ressemblait. J´étais accroupi. à la recherche des arômes oubliés. Mes sens tentèrent de me persuader que j´avais perdu l´essentiel. Ma peau réagissait agréablement sous le passage d´un coquelicot à ?eur rouge vif dont l´un ou l´autre pétale plongeait dans mes cheveux. Sur mes épaules. Je sentais l´odeur de ma peau se parfumer merveilleusement. Je ne trouvais aucune explication à ma présence dans ce lieu. Lieu que je ne connaissais d´ailleurs pas. Les couleurs y étaient parfois transparentes. Surpris. Un homme me prit la main. Il me la serra pour être sûr de ne pas me perdre. Je tentais de le dévisager. Lui aussi m´était étranger. Il était beaucoup plus âgé que moi. Ses mains rugueuses et poilues trahissaient un visage débonnaire. Beau. Paré à toutes les épreuves. Son sourire me tranquillisait presque. Et sa voix m´attendrissait. Je savais que c´était l´homme idéal et qu´il m´aiderait à poursuivre ma recherche. Comprendre les fragrances de la vie. Quel rêve absurde. Avoir dix-sept ans et être persécuté la nuit d´utopies aussi stupides. Surpris par ce rêve idéalement idiot certains vertiges me reviennent. Les vertiges de cette vie qui ne m´appartiendra jamais.