Anatole (il parle à la tombe de son grand-père) : Salut Bon-Papa.

(Il regarde autour de lui, remonte la tirette de son manteau, pose son sac à dos devant la tombe, met ses mains dans ses poches de jeans, passe d’un pied sur l’autre, sort ses mains de ses poches. De son sac il sort l’enveloppe brune glissée dans une chemise en plastique, une cuillère à soupe et un petit garde en plomb. Il pose le garde et l’enveloppe sur la tombe, il regarde autour de lui)

…

Bon, je vais pas attendre mille ans non plus.

…

Écoute Bon-Papa, … j’en veux pas de cette enveloppe. ... J’aurais mieux fait de la mettre à la poubelle, je sais. J’ai essayé mais bon… C’est vrai, t’es dingue aussi de me dire que je pourrais savoir comme ça, qui est mon père, rien qu’en ouvrant une enveloppe. C’est tout petit comme geste ouvrir une enveloppe ! Mais maman, hein ? T’y as pensé, à maman ? Moi je sais pas pourquoi ça doit rester secret, mais c’est sûrement parce que c’est mieux. Alors pourquoi tu viens t’en mêler et faire des trucs que tu devrais pas faire puis mourir juste après ? Donc j’ouvrirai pas cette enveloppe. Et si je l’ouvre et qu’ensuite je suis malheureux, ben ce sera de ta faute ! Je peux pas dormir moi avec ça sous mon lit ! En plus j’ai trop peur que maman la trouve. … La cacher à l’école, c’est pas possible il y a trop de fouineurs. Donc je suis venu la mettre ici. En attendant. Un peu comme si je te la rendais, ok ? Tu t’en fous hein maintenant, toi t’es tranquille là. … Bon, c’est parti.