Alex Vizorek, animateur, comédien et humoriste

Publié le  12.03.2021

Dans la vie, le comédien, humoriste et animateur Alex Vizorek fait l'unanimité sur au moins trois points : son look de gendre idéal, son amabilité (permanente, à la vie comme à l'écran) et ses talents comme maître de cérémonie. Un costume qu'il a endossé en 2019, pour les Magritte du cinéma en Belgique et les Molières du théâtre en France.

À quelques heures du lancement de la remise des César 2021 placée sous le signe du renouveau obligatoire, le journaliste David Hainaut l'a rencontré afin de faire le point sur son parcours et ses ambitions artistiques. 

homme au costume vlevel bleu tenant une statuette des Magritte au dessus d'un chapeau melon
© Alex Vizorek par Mehdi Manser – Be Perfect Magazine

Lorsqu'en 2018, l'Académie Delvaux, organisatrice des récompenses annuelles du cinéma belge francophone, sollicitait l'ex-élève du Cours Florent (parisien) pour être le présentateur de son édition 2019, ce passionné de cinéma qu'est Alexandre Wieczorek – de son vrai nom – n'a pas hésité longtemps. « En avoir décerné un l'année précédente était déjà une fierté, alors... Mais comme je n'ai pas de complexe d'imposture, je me suis dit que si on me faisait confiance en me laissant carte blanche, c'est que j'en étais capable. De toute façon, quand on me demande de faire un truc plus chic que ce que je fais d'habitude, je dis toujours oui ! » De fait. Profitant pleinement d'une édition riche (avec « Girl », « Mon Ket », « Ni juge ni soumise », « Tueurs »...), le Bruxellois reste, avec 170 000 (télé)spectateurs belges, celui qui a séduit le plus large auditoire depuis la création des Magritte en 2011, suscitant même dans la foulée l'attention d'une autre académie : celle des Molières. En effet, à peine trois mois plus tard, les récompenses théâtrales françaises lui permettaient de devenir le premier belge à animer l'événement se tenant aux Folies Bergères de Paris. « Je savais qu'on l'avait proposé à d'autres avant moi. Contrairement aux Magritte, peu de gens me connaissaient. Mais là, vu qu'on me voulait absolument malgré ce court timing, je m'étais dit que je n'aurais peut-être pas deux fois cette chance. Et que j'avais plus à y gagner qu'à perdre, en fait... »

Un profil rare...

Chez nous comme ailleurs, les profils capables d'assurer ce genre particulier de show sont rares. « Ces soirées traînent encore la réputation d'être longues et ennuyeuses. Le plus compliqué est, avec une matière bien spécifique, de faire rire du spectateur lambda au plus éminent spécialiste. Car au-delà de l'importance des prix, l'idée est aussi de susciter la curiosité chez des gens qui n'ont pas toujours vu les œuvres dont on parle. » C'est en s'inspirant d'une de ses idoles, Ricky Gervais, « qui a le don de faire des liens entre l'actualité et le spectacle », tout en y incrustant sa patte teintée « de la culture du sketch à la française », que cet adorateur de Luchini s'en est chaque fois tiré, aidé de sa fidèle armada d'auteurs (Christophe Bourdon, Julien Demarche et Pierre Scheurette, entre autres). « C'est quand tout est bien écrit que je peux me sentir à l'aise avec le texte et le prompteur. Et donc de pouvoir improviser s'il se passe quelque chose dans la salle. » Quant à la différence entre la Belgique et la France, notre dandy la voit comme telle : « Ici, comme on a de l'autodérision, même chez la plupart des artistes, on peut rigoler du milieu. Alors qu'en France, même les présentateurs les plus confirmés vont faire attention à ce qu'ils disent ! »

...et fédérateur

Plus près de nous, en juin dernier, Vizorek était encore engagé comme présentateur au Festival Musiq3, 10e du nom.
« Vu les annulations de dates de mon nouveau spectacle et du Festival d'Avignon, cela tombait bien. D'autant que ce que je considère comme de la grande culture (la musique classique, l'opéra...) m'a échappé étant plus jeune. Leur envie d'élargir leur public m'intéressait car pour moi, la culture doit parfois se décloisonner. Je n'aime pas qu'il y ait une culture pour les uns et une pour les autres. Quelqu'un qui vient dans un festival de musique classique peut tout à fait apprécier un show de François Pirette. Et vice-versa ! », ajoute encore ce diplômé de gestion (Solvay) et de journalisme (ULB).

homme se cachant derrière un tronc d'arbre
© affiche du seul-en-scène "Ad Vitam"

Et la suite ?

En attendant, ce touche-à-tout vivant entre Bruxelles et Paris, ayant conscience « que tout peut s'arrêter du jour au lendemain », poursuit sa belle et déjà longue aventure chez nos voisins comme animateur (en radio sur France Inter, en télé sur France Télévision et M6), tout en peaufinant son deuxième seul-en-scène (« Ad Vitam ») et en patientant la sortie de deux longs-métrages belges où il s'est bien impliqué
 : « La Dernière Tentation des Belges » du trublion Jan Bucquoy et « L'Employée du mois » premier long-métrage de Véronique Jadin, ne cachant pas quelques envies de cinéma. Mais quoiqu'il advienne pour cet ancien ado chasseur d'autographes monté sur la scène de l'Olympia il y a deux ans, le grand rêve a été réalisé et même dépassé. Pour ce travailleur acharné, tout ce qui viendra ne sera plus que du bonus. « Une de mes phrases fétiches reste celle d'Eddie Barclay, l'empereur du disque, qui disait : dans nos métiers, ne pas avoir de chance, c'est une faute professionnelle ! »

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