C'est pas que je veuille tenir ni que je veuille m'enfuir (De retour de Bozar)

Publié le  19.05.2010

Faire du beau avec la merde du monde.

Faire l'éloge de la douceur quand on est considéré comme un maître du trash.

Faire la démonstration de sa compétence plastique, rythmique, bien au-delà de la provoc.

Faire œuvre dialectique et faire œuvre intimiste.

Des corps, des sons, des matières, des idées, des images, des mots, des fragilités faire un spectacle qui étonne, qui émeut, qui propulse, qui relance, qui fait résonner la mémoire et raisonner les perceptions.

 

Qu'il le veuille ou non, Rodrigo García produit.

Tant mieux pour nous.

 

Après « Versus », « C'est comme ça et me faites pas chier » impose un peu plus encore (dans une atmosphère très différente) l'écriture scénique et littéraire de Rodrigo García comme incontournables dans le champ de la création contemporaine.

 

Quand j'ai eu envie il y a quelques mois de monter « On ne badine pas avec l'amour » dans une distribution mêlant amateurs et professionnels, j'ai demandé à Thomas Depryck d'écrire pour les acteurs une partition contemporaine prolongeant le texte de Musset, axé autour de l'idée d'inconséquence aujourd'hui. En exergue à son texte, Thomas a fait figurer cet extrait de « C'est comme ça et me faites pas chier » :

 

« Je veux suer sang et eau pour rien . Vivre chaque minute pour rien. Réaliser chaque geste pour qu'il soit oublié. Occuper la terre et ne provoquer que de l'indifférence. Me battre sans le moindre sens. Je veux connaître une déception avec toi et avec dix mille hommes encore. Je veux avoir des choses pour pouvoir les perdre. Je veux tout et je veux tout perdre dans l'incendie. »

 

                                                                                                                *

 

« C'est comme ça et me faites pas chier » de et mis en scène par Rodrigo García. Avec Melchior Deroueut, Nuria Lloansi et Daniel Romero. Création au Kunstenfestivaldesarts (Bozar).

 

                                                                                                                 *

 

PS : j'en suis le premier surpris mais, oui, j'ai aimé tout ce que j'ai vu au KFDA jusqu'à présent. Merci donc à Christophe Slagmuylder pour son excellent travail !

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