En découvrant des auteurs

Publié le  19.03.2013

La semaine dernière à Bruxelles, à la librairie Tropismes, Luc Dellisse et Anne Penders ont présenté leurs nouveaux recueils de poésie parus aux éditions Le Cormier. Entendre ces auteurs révéler ce qui motive leurs écrits, exposer la manière dont ils jonglent avec les mots, m'a donné l'occasion de redéfinir sous certains angles mon propre fonctionnement créatif. 

Luc Dellisse a parlé de vitesse pour caractériser ses poèmes. Et cet effet de vitesse, dont il parvient à donner l'impression au lecteur, n'est pas le résultat, comme on pourrait le croire, d'une écriture spontanée et fulgurante. Au contraire, cela s'élabore grâce à la lenteur de son processus créatif. C'est seulement en s'adonnant à un travail d'artisan et de longue haleine qu'il y parvient. Avec la même rigueur et avec la même précision qui caractérise le travail d'un horloger. Dix années séparent son nouveau recueil « A ciel ouvert » et le précédent. Je suis impressionnée par ce travail patient, passionné et obstiné. Mais le paradoxe, c'est de l'entendre immédiatement après évoquer son rapport au temps. Il semble pris par cette tendance que l'on a tous à vouloir précipiter le temps, à chercher à embrasser le temps d'un seul élan : au début d'une relation amoureuse, on voudrait déjà projeter la fin de l'histoire. Et puis il a dit quelque chose comme : « Pour entrer dans le mur du monde, on a parfois besoin d'une secousse ». En pleine préparation d'une escapade en solitaire, je sais pertinemment que c'est cette secousse que je recherche.

Anne Penders n'écrit pas ses poèmes en faisant décoller son imaginaire. Ce n'est pas le romanesque, mais plutôt le fait d'être dans l'ici et maintenant qui est source d'inspiration. Elle se laisse traverser par son environnement et sa poésie en découle. Dans « L'envers », la vue d'un simple caillou posé à terre provoque sa réflexion : d'où vient ce caillou ? Quel chemin a-t-il parcouru pour arriver là ? Combien de fois a-t-il dû rouler pour devenir lisse ? ... Ainsi ce caillou nous fait prendre conscience du temps qui passe et pointe la fugacité de nos vies. Dans « Jaune », son précédent recueil, elle écrit en voyage, sensible à la couleur jaune qu'elle retrouve régulièrement en chemin. Son écriture est provoquée par le monde immédiat qui l'entoure.

Pour être sensible au monde, il faut savoir se rendre disponible. Je recherche cette forme de disponibilité : être tout simplement capable de s'assoir quelque part et considérer pleinement ce qui nous fait face - une chaise, une tasse ou tout autre objet - sans se laisser envahir par des pensées qui nous replient dans le passé ou nous projettent dans le futur. C'est en me mettant dans cet état que je me sens le plus à même de me redécouvrir et de me réinventer. La lenteur et le souci du détail dans le processus de création, ainsi que la capacité à regarder le présent des choses sont des éléments nécessaires à ma façon de faire des films.

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