"Sauvons la terre"

Publié le  01.06.2013

Cela fourmille tout autour de nous, il n'est plus question que de cela, sur tous les emballages, les factures, dans les mails que nous recevons quotidiennement. « Sauvez la terre »… Mais de quoi ? Est-elle véritablement en danger cette vieille orange qui a déjà subi deux glaciations qui ne devaient pas être des plus réjouissantes ? Et si nous acceptions une bonne fois pour toutes que quelque chose nous survivra, que l'architecture de l'entropie est plus impérieuse que notre anthropocentrisme piteux? Si nous nous rendions seulement compte que la terre risque de ne se souvenir que vaguement de notre passage...

 

Nous nous sommes gaspillés et l'expérience a été des plus captivantes.

 

Nous avons inventé la démocratie, la torture et le beurre frigotartinable. Nous avons  domestiqué des fleuves, des peuples et des atomes. Nous stérilisons les poissons à cause de la pilule que nous rejetons dans nos urines. Nous avons inventé le low-cost et le Hard discount. Nous avons exterminé la plupart des espèces pour fabriquer manteaux et bijoux pour de grosses madames immondes. Nous ne nous appartenons plus en propre et nous refaisons visages et nichons à l'image de modèles qui nous répugnent. Nous coulons nos déchets radioactifs dans la chape de nos centres commerciaux. Nous avons fait perdre le sens de l'orientation aux abeilles et mangeons des poulets qui n'ont jamais connu la lumière du jour. Nous sommes devenus le cancer. Nous avons voyagé au-delà même de notre espace séculaire en se demandant s'il ne serait pas possible de catapulter nos merdes dans l'orbite de planètes qui ne nous ont rien fait.

Le taux d'obésité dans le monde a dépassé depuis peu celui de personnes souffrant de malnutrition, dans notre suicide glorieux, nous avons tout de même beaucoup d'humour. La race humaine s'éteindra peut-être à cause d'avoir mangé trop de chips.

 

Quand j'étais petit courait une légende (que je n'ai jamais vérifiée) selon laquelle certains insectes ne souffriraient pas des radiations atomiques mais au contraire s'en nourriraient. Je leur souhaite bonne chance aux couillons qui sortiront de leurs abris antiatomiques dans un monde où l'air ne sera plus respirable, ou l'eau ne sera plus consommable et ou les scorpions auront grandi de trois à sept fois.

 

Mais il nous reste l'espace, dit-on…

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