Décalage horaire

Traversée, tour du monde poétique.

Fiche

Année
2010
Édition
Arbre à paroles (L')
Co-auteur.trice(s)
Jo Dekmine (avant-propos)

Extrait

 

Las Vegas

 

Quand l’incertitude prend le quart

couché sur la banquette arrière

d’un Greyhound en retard

j’aperçois des reflets délétères

une distorsion d’image

scintillements dans ce désert

une ville mirage

une débauche de lumière

 

 

Las Vegas

aux avenues riches

je suis sûr que tu triches

je le vois maintenant

que clignotent dans la nuit

les néons du néant

dans un décor de boui boui

 

 

ce Nevada des moins que rien

qui espèrent rafler les gains

impossibles des chiens

le car s’arrête illico

sur le tarmac d’un casino

les rêves me sont déjà k.o.

destins de l’Amérik and Co

quand on ne croit plus en rien

 

 

Las Vegas

aux avenues riches

je suis sûr que tu triches

je le vois dans le terminal

où se terminent la nuit

de ceux qui dorment mal

sur des cartons de fruits

 

 

oh ! transhumance insipide

pris dans un faisceau de lumière

au terminal des voyageurs

on vous réserve une surprise

– happy hour ! vous ne perdez

que la moitié de votre mise –

le manchot sonne à vide

sur cette terre promise

 

Las Vegas

aux avenues riches

je suis sûr que tu triches

je le vois aux lumières

qui éclairent la nuit

clinquant boxon de poussière

dans un coin perdu de désert 

 

 

on se joue Rockfeller

dans cette ville salace

les hôtels n’étaient pas chers

vingt dollars la nuitée en palace

où dans un rocking chair

le temps d’un cocktail

vous oubliez votre misère

et balancez votre mitraille

 

 

Las Vegas

aux avenues riches

je suis sûr que tu triches

je croise de crédules voyeurs

éblouis puis oubliés

d’impassibles voyageurs

traînant sur un quai

 

 

j’attends dans la file

cherche la sortie huit

je remonte le continent

dans un bus de nuit

je n’ai même plus peur

de ces merveilleux loosers

je quitte cette ville

je quitte ce jeu d’artifices

 

 

Las Vegas

aux avenues riches

je suis sûr que tu triches

je le vois aux lumières

qui éclairent ma nuit

clinquant boxon de poussière

dans un coin perdu de désert