D'ailleurs
Antonio raconte à son petit-neveu son enfance pendant la guerre d’Espagne et l’exil en France pour échapper à la dictature franquiste.
D’ailleurs est un livre sur la mémoire, ou plutôt les mémoires et leur transmission. Ce grand-oncle qui raconte, peut-être un membre de la famille de l’auteur, se fait le porte-parole à la fois des combattants républicains tombés dans la lutte, des réfugiés épargnés par le sort mais non par les épreuves, et de leurs familles installées en France. Mémoire individuelle et collective, familiale et politique, son récit redonne vie à des destins singuliers en rappelant ce qu’ils ont aussi d’intemporel. Cette "question" des réfugiés est évidemment encore d’actualité et D’ailleurs nous invite à un renversement de perspective, empathique et nécessaire.
Le dessin d’Alain Munoz, qui rappelle un peu celui d’Edmond Baudoin, est d’une grande sobriété. Son noir profond, ses traits - presque des traces, comme celles laissées par les souvenirs dans la mémoire - et ses grandes cases donnent au récit le temps d’imprégner le lecteur. Quelques touches donnent forme aux mots du grand-oncle ou font apparaître un reflet dans un cours d’eau tel un souvenir, encore, qui remonte à la surface. Une émotion contenue, pudique, comme souvent dans les histoires narrées par les anciens, affleure au fil des pages.
Fiche
- Visuel
- Année
- 2017
- Édition
- Vide Cocagne