Lettres de Sicile

Un architecte belge à Palerme, 1919-1921

RESUME Sicile, septembre 1919. Un jeune architecte bruxellois, Lucien François, débarque au port de Palerme. Il vient de signer un contrat avec la Société belge des Tramways de Palerme qui édifie la nouvelle station balnéaire de Mondello. Durant deux ans, Lucien et son épouse Lia, une artiste-peintre, correspondent avec leurs familles. Ils parlent de choses vues en Sicile, comparent le coût de la vie, s'essaient à la gastronomie locale, commentent les grèves et la montée du fascisme, s'émeuvent du travail des enfants dans les mines, relatent leurs excursions, la progression des chantiers, leurs rencontres professionnelles ou amicales, mais aussi leur nostalgie, leurs ennuis de santé, leur crainte d'être oubliés en Belgique, et leurs espoirs secrets… Autodidacte passionné issu d'un milieu modeste, Lucien François ne sait pas encore que son expérience sicilienne lui ouvrira les portes d'une grande carrière à son retour au pays. ​ Sur base d'une correspondance inédite, de documents rares et de photographies prises par l'architecte lui-même, Alice Verlaine Corbion reconstitue ici l'époque troublée de l'après-Première-Guerre mondiale et nous plonge dans l'intimité d'un jeune couple d'artistes expatriés. PRESSE ​Un Jour dans l'Histoire (podcast), interview de Nicolas BogaertLa Libre Belgique, article de Jacques FranckLe Carnet et les Instants, article de Pierre Malherbe​Blog Serge Fiorio, article de André Lombard L'OUVRAGE L'ouvrage relate l'aventure exceptionnelle et méconnue de l'architecte bruxellois Lucien FRANCOIS (1894-1983) lorsque celui-ci était attaché à la Société belge des Tramways de Palerme de 1919 à 1921. Le texte a été établi à partir de quelques 200 lettres originales récemment découvertes, de documents rares et d'enquêtes in situ sur les pas du jeune homme et de son épouse artiste-peintre. C'est grâce à l'analyse minutieuse de cette correspondance à caractère familial, exceptionnellement conservée dans le fonds professionnel de l'architecte, que l'aventure sicilienne, dont les détails nous étaient restés inconnus jusqu'à ce jour, a pu être révélée. A mi-chemin entre enquête et roman, composé comme une promenade dans l'époque, le livre retrace le quotidien de cette "parenthèse italienne" qui se révélera humainement et professionnellement clé pour le jeune architecte autodidacte, confronté tout à la fois à une culture millénaire, à ses premières responsabilités professionnelles, aux difficultés de l'expatriation et aux remous socio-politiques de l'après-Première-Guerre mondiale.

Fiche

Visuel
Année
2016
Édition
Archives d'Architecture Moderne (AAM)

Extrait

"Caro Signore, Maraviglioso, indiscrivibile, la più bella città del mondo. Belle palazzo, belle viale, belle ragazze, belle mare, tutti belle. E caldo, è caldo. Traspirano, traspirano. Buon Saluti ."
Lucien François, 1919, Florence.

.................... […] je vois des merveilles par ici, néanmoins Rome me plaît moins que Gênes et Florence. C’est une ville de mendiants et de filous, depuis le pape jusqu’au dernier de camelots […] Il paraît qu’à Naples c’est pire encore, ils sont voleurs, je prendrai garde. En tous cas ils ne feront pas fortune avec moi, je marchande depuis les cartes postales jusqu’au prix de ma chambre, l’histoire m’a appris que cela avait du bon […]
1er septembre 1919

....................... […] J’ai également été plusieurs fois à Mondello, en auto avec Monard et Masion. Nous soupons le soir au restaurant de la plage en face de la mer. Palerme, très belle ville, beaucoup de monuments très intéressants. En s’arrangeant bien la vie n’est pas trop chère. J’ai comme camarade Bertini, chef des ouvriers du tramway Italien du Piémont parlant français et qui me rend bien des petits services [illisible] tous les ouvriers sous ses ordres. Nous nous faisons fabriquer à l’œil bien des petits objets qui coûtent fort cher en ville. Je me suis même fait faire un bain de pieds en zinc. C’est un homme précieux, il est seul ici, célibataire. Nous allons le soir prendre un café ou une glace en ville en nous embêtant cordialement. […]