Les mots de Joseph Lambert

Joseph Lambert choisit chaque couleur pour aucune autre : concrètement, chacune d’elles se situe dans une boîte à crayons pour y retourner ensuite. Tout comme la littérature, corrélativement, l’alphabet constitue la première ressource maniée par tout auteur : il est sans pareille pour Joseph Lambert pour qui il représente la pièce ultime du jeu, à la fois aléatoire et dessiné. De la même façon qu’on ne choisit pas les lettres qui composent un mot, Joseph Lambert semble élire chaque couleur comme on pêche la bonne lettre pour un mot convoqué.

Fiche

Visuel
Images
Année
2022
Édition
IMAGES OR BOR
Co-auteur.trice(s)
Jean-Charles Andrieu de Levis

Extrait

De la notion d’écriture, les compositions préservent l’idée de lignes qui parcourent et strient la feuille d’un bout à l’autre, et qui se superposent les unes les autres et qui se prolongent indéfiniment en-dehors du cadre. La trace d’une gestualité minutieuse demeure également présente à travers ces serpentins ou lignes de « e » qui observent, malgré certains emportements localisés, une taille équivalente. Cette uniformité graphique marque incidemment la volonté de l'auteur de tracer des signes similaires qui appartiennent à une même catégorie iconique. Joseph Lambert rédige donc ses mémoires, mais de manière habillement sibylline : la communication, pourtant à l’origine du processus créatif, est contrariée, inopérante dans sa fonction initiale. La lettre quitte le domaine de la littérature pour investir celui de la peinture, voire du pittoresque  : le langage subsiste mais, du déchiffrement intellectuel du texte, il investit l’épaisseur sensible d’une peinture et d’un dessin qui s’étendent sans dire ce qu’elles sont. Un calme extatique et contemplatif, un mystère visuel, sous-tend mystérieusement ces paysages atemporels nés d’un verbe prolifère.