Opération à corps ouvert (réponse à une performance à Nadia Schnock)

Dans la performance de Nadia Schnock, la distance entre l’artiste, exécutant son œuvre, et l’audience est donc absolue. Les "conventions de jeu" sont définitivement établies. A l’arrière-plan se trouve une chaise sur laquelle sont posés des vêtements de couleur unie. Progressivement, Nadia Schnock enfile tous les habits : d’abord des vêtements rouges, ensuite jaune pâle et enfinroses, évoquant de la sorte les couches successives que constituent les muscles, le derme et l’épiderme du corps humain. "L’accumulation des vêtements se transforme alors en l’image d’une deuxième enveloppe charnelle" qui se développe à même son propre corps. Cependant, en enflant de manière continue, l’épaisseur du corps figuré finit par oppresser l’artiste elle-même au point de l’empêcher de respirer et de se mouvoir aisément : littéralement, cette figuration asphyxie. Nadia Schnock semble continuer son travail posément, mais le développement de la performance ne suit pas le cours que l’on aurait pu supposer. Assise dans la vitrine, elle renverse la logique de construction et d’élaboration de cette figure. Comme pour soumettre son propre corps à une étude anatomique, elle découpe alors méthodiquement tous ces tissus (de chair), le long de ses jambes, de ses bras et de son thorax. Elle rend ainsi visible ce qu’il était impossible de se représenter : la finitude inadmissible de son propre corps, ce alors même qu’aucune expression n’est lisible sur son visage. Le spectacle de ce corps décomposé, de cette viande humaine, est entièrement livré au public et ce, avec la plus grande sérénité, lui laissant définitivement le loisir d’y rester insensible.

Fiche

Visuel
Année
2003