L’artiste américain Paul McCarthy est connu pour son œuvre prolifique et souvent provocatrice qui comprend de la performance, des films, de la photographie, des installations multimédia, de la sculpture, de la peinture et du dessin. Ses dernières œuvres présentées la galerie Xavier Hufkens jusqu’au 22 octobre confirment que ce flux productif n’est pas prêt à tarir : des œuvres en grande partie inspirées de la mythologie de Walt Disney, où Blanche Neige occupe l’un des premiers rôles, reprennent ici des formes insoupçonnées et pleines de déliquescence… Non sans malice, Paul McCarthy interroge des visiteurs venus l’écouter à l’occasion d’une discussion qui inaugurait cette riche exposition : « Blanche Neige est-elle la fille, la sœur, l’amante, l’épouse ou la femme ? ». Travaillant parallèlement sur des films au même sujet (les dessins préalables à ses scènes réjouissantes sont présentés également dans la galerie), McCarthy y a explicité comment son travail pouvait se développer et prendre forme en couches multiples, et comment il s’agissait de se saisir des vagues qui le traversent… Et dès lors, à la traditionnelle question relative à son positionnement et à sa supposée posture critique, il répond avec jubilation: « Il ne s’agit pas de se positionner contre, mais plutôt par-delà… » ! Sexuellement explicite, sale, et chargée politiquement, l’œuvre de McCarthy s’oriente vers le consumérisme de la culture populaire qui dissimule les hantises collectives comme le sexe, les fluides corporels, les orifices humains… Cela donc, non sans se jouer des antagonismes de cette culture. Alors qu’il s’approprie des icônes de la culture populaire et de l’enfance, de Blanche Neige au Prince Charmant, en passant par Bambi et Heidi, McCarthy présente ces personnages comme vils, malicieux et débauchés. Et son aspiration n’est pas feinte… Comme il le raconte encore aujourd’hui avec humeur, son œuvre trouve ses sources dans un foisonnement culturel et artistique qui a été empreint d’une époque de radicalité où les positionnements artistiques se chevauchaient. « Fallait-il se positionner pour Kaprow ou pour Warhol ? ». Rien n’est moins sûr… pour lui en tout cas !