Après l’évangélisation opérée durant l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, dans les campagnes retirées de l’Ardenne, le paganisme persistait sous forme de nombreuses pratiques et superstitions. Ce sont principalement des lieux : sources, arbres, pierres, sommets…, qui, comme autrefois, continuaient d’inspirer le populaire et de recevoir ses dévotions. Exploitant l’ignorance et la crédulité de leurs paroissiens, les autorités religieuses employèrent différents stratagèmes pour christianiser – ou inversement diaboliser – tout ce qui, dans cette nature omniprésente et mystérieuse, pouvait se montrer suspect de paganisme : érection de croix et de chapelles, « découvertes » de statuettes pieuses dans les sources et les arbres, légendes mettant en scène prêtres et moines, saints et saintes, mais aussi le diable et Jésus en personne. Si cette stratégie réussit, ce n’est qu’en surface, le paysan se montrant plus superstitieux que religieux. Au fil des siècles, églises, chapelles, calvaires et cimetières ont investi le paysage, y imposant, de façon systématique et récurrente, l’emblème christique. Rares sont les lieux qui ont échappé à cette déferlante de croix en tous genres. Néanmoins, pour certains d’entre eux, cela n’a pas suffit, et il sera relativement aisé, aujourd’hui encore, de retrouver sous leur vernis chrétien des sanctuaires remontant à une très haute antiquité. En Ardenne, ces lieux de piété ancestrale, devenus « mixtes » en quelque sorte, sont innombrables. Cet ouvrage en propose un aperçu. Une sorte de pèlerinage aux sources, en quelque sorte…