"Le but de cet essai, à la fois philosophique et pédagogique, est moins d’apporter des solutions clé sur porte – ce serait illusoire – que de donner des pistes de réflexion et de désigner les écueils, les mauvais plis pris par l’enseignement obligatoire et les impasses dans lesquelles il s’est fourvoyé. La confusion est telle que l’École seule est impuissante, jusqu’à se demander si une formation politique, écologique, économique de la jeunesse peut encore être à la hauteur des fractures… mais nous avons intérêt à en faire le pari ! Ici, nous réfléchirons à la prise de conscience des périls systémiques par les acteurs de l’École, et à sa possible traduction en actes ; aux assises idéologiques de l’École ; enfin, à une nécessaire redéfinition de ses missions dans une perspective écologique. Il s’agira là de la première partie. La deuxième propose une série de pistes pédagogiques précises et de leçons-type utilisables par les enseignants qui auront à cœur d’intégrer dans leurs cours la conscientisation individuelle de leurs élèves aux paramètres écologiques. La catastrophe menaçant la biosphère est une conséquence de la forme actuelle de nos rapports sociaux, mieux : de notre culture et de ses présupposés. Nous ferons donc très souvent allusion à celle-ci. À plusieurs endroits, nous déborderons du cadre de l’enseignement, car nous considérons qu’il n’y a pas lieu de séparer celui-ci des autres champs de la société. L’École n’a que trop souffert de son isolement relatif, au point de se retrouver déphasée avec la part de la réalité qui aurait dû irriguer sa vision et ses pratiques. Nous sommes face à « un phénomène civilisationnel et anthropologique fondamental qui ne peut être valablement abordé qu’en le sortant du cadre des institutions éducatives. »"