Comportement tueuse

Les nombreux lecteurs qui attendent la suite de L'homme dans la Berlingo ne seront pas déçus. Ils retrouveront avec plaisir Rafaelo, toujours égal à lui-même, qui se débat cette fois contre un trio de femmes dangereuses : Davina qui revient à la charge depuis sa prison en lui proposant un deal foireux, sa redoutable avocate Diane de la Roche qui ne laissera rien passer... Et même Marie, qui prend ses distances et montre enfin son vrai visage.

Fiche

Visuel
Année
2021
Édition
Academia

Extrait

Je suis pris d’une illumination soudaine. Le bouquet ira à ma chère voisine. Il est temps d’aller m’excuser auprès d’elle et de tenter une réconciliation qui s’annonce difficile, puisqu’elle n’a plus daigné m’adresser le moindre regard ni la moindre parole depuis plusieurs mois. La seule chose qui me fait hésiter encore un peu, c’est la nature du bouquet : des roses rouges ! N’est-ce pas lui avouer un peu trop vite la passion dévorante que j’éprouve pour elle depuis si longtemps ? Le bouquet de chrysanthèmes aurait été plus approprié.  Mais à un moment, il faut choisir : je veux me réconcilier ou l’enterrer ?

La sonnette tient par deux vis dans un petit cadre ciselé en vieux cuivre doré. Et le patronyme complet de ma voisine y est inscrit : Léonie Piquedouille. Je me lance. Sa tête, quand elle a ouvert la porte et m’a vu sur le seuil avec mon bouquet à la main ! J’ai cru qu’elle allait faire une crise cardiaque. Ce serait ma chance ! J’imagine déjà les gros titres le lendemain dans la presse locale : « LE TUEUR AU BOUQUET DE ROSES VIENT DE FRAPPER : il savait que sa vieille voisine était cardiaque et il lui offre un bouquet de roses rouges dans le seul but de provoquer un infarctus ! ».

Mais Madame Piquedouille encaisse plutôt bien ce premier assaut amoureux. Elle ouvre la bouche pour une réplique qui s’annonce palpitante. Mais je la coupe immédiatement.

– Madame Piquedouille, je n’ai vraiment pas été sympa avec vous ces derniers temps. Pour me faire pardonner, je vous offre ce bouquet !

Elle ne devrait pas rester si longtemps la bouche ouverte. La dentition est loin d’être parfaite. Surtout d’aussi près. Puis soudain, à ma grande surprise, son visage s’illumine d’un petit sourire.

– Monsieur Raphaël, j’ai bien cru que vous ne viendriez jamais vous excuser. Il était plus que temps, jeune homme ! Il n’est jamais trop tard pour apprendre les bonnes manières !