Un sombre dimanche sans fiançailles

Un sombre dimanche sans fiançailles, le final de la trilogie policière de Bruno Dinant. Un délicieux cocktail déconcertant, qui se démarque par son humour subtil et discret, son univers bien ancré dans notre terroir, son intrigue habilement ficelée dans laquelle le lecteur se laisse balancer de révélations en rebondissements avec une évidente délectation.

Fiche

Visuel
Année
2022
Édition
Academia

Extrait

La mère Durnal reprend son discours sur le même ton monocorde :

– J’ai dû élever seule mes quatre garçons. Mon imbécile de mari s’est très vite retrouvé en prison et il n’est pas près d’en sortir. J’ai consacré beaucoup d’énergie à leur éducation. Ma meilleure réussite, c’était mon deuxième, Antoine. Il avait réalisé un joli coup avec la fille de Saint-Clair. Malheureusement, il a été assassiné par une sale petite garce. Mon fils aîné, Quentin, a voulu s’en mêler, alors que je le lui avais formellement interdit. C’est un bon garçon aussi, mais il n’a pas un gramme de plomb dans la cervelle. Il fonce d’abord, il réfléchit ensuite. Sa mort a été à l’image de toute sa vie : il s’est lamentablement planté en moto, en roulant comme un sauvage dans une forêt en pleine nuit. Je lui avais pourtant appris à agir plus subtilement. En vain : il a conservé plus de gènes de son abruti de père que de moi.

La femme se tait quelques secondes. On dirait Ma Dalton enfoncée dans son fauteuil à bascule. Il ne manque plus que la pelote de laine, les aiguilles à tricoter et le chat sur ses genoux. Quoique je l’imagine plutôt affublée d’une kalachnikov, prête à dézinguer tout ce qui bouge ! La composition même de la famille présente d’étranges ressemblances avec la bande dessinée : dans ce remake tragique, Quentin a usurpé avec brio la place de ce grand crétin d’Averell ; à ma gauche, les dents serrées et le visage congestionné par la colère, je vois bien Johan tenir le rôle de Jo Dalton. Cela pourrait en devenir risible, si la situation n’était pas aussi grave. Car je ne sais toujours pas pourquoi j’ai été emmené de force devant cette matriarche en colère ni ce qu’elle attend de moi.