Les soeurs Julia

Soeur Julia. Ou plutôt les soeurs Julia. Différente pour chacun, à l'écoute de tous, elle reçoit les confessions dans son chalet en forêt. Une forêt bienveillante et protectrice. Au delà de la forêt, il y a le village, les hommes... ceux qui sont toujours prêts à condamner. Car une faute a été commise : Julia a eu un enfant. Et pour le village, puisqu'il y a eu faute, il faut qu'il y ait punition. Mais la forêt veille. Elle sait. Elle sait que s'il y a eu faute, il y aura Rédemption.

Fiche

Année
1997

Extrait

Julia : Qu'est-ce que tu fais ici, Charlot ?

(Silence.)

Ledenski : Ca faisait cinq jours qu'il faisait beau. Pas un nuage. Pas un nuage en cinq jours. J'ai regardé la photo de mon portefeuille. J'étais à ma fenêtre, je fumais une clope. Je fume dehors pour pas que ça pue trop à l'intérieur. Je sais plus trop à quoi je pensais. Je pensais à cette photo. Je veux jeter une cendre dans le cendrier. Il y avait un bourdon dedans. Il m'a saisi, le salopard. Chaque année, quand il commence à faire beau, je me fais chaque fois saisir par les insectes.

Julia : C'est drôle, mais il m'arrive les mêmes choses.

Ledenski : Vous aussi alors ! C'est vraiment drôle, ça ! Je vous téléphone. Je prends rendez-vous. Je prends ma bagnole. Arrivé au village, je reste bloqué devant un carrefour. Un embouteillage dans un si petit village, c'est complètement dingue. De loin, j'arrive un peu à voir ce qui se passe. Je vois des militaires sur des chevaux en habits de clown. Il font une parade. Vous savez, tout le tintouin, avec l'épée et tout ça.
Devant moi, il y avait un bus. Il était vide. Derrière moi, ils klaxonnaient comme des tapés. A mon avis, on avait oublié de les prévenir. Soit, je reste bloqué là, dans ma bagnole. Comme j'ai pas de radio, je m'emmerde. Enfin, je m'ennuie. Comme je m'ennuie, je reluque ce qui se trouve autour. Je regarde sur les murs des maisons. Qu'est-ce que je vois ? Des affiches de peinture de James Ensor. James Ensor ! Des peintures de James Ensor !