L'en vert de nos corps
polygraphie
Le langage des plantes, si elles en avaient un, serait peut-être un peu lent... écrit malicieusement Francis Hallé. Dans ce livre qui fait suite à La bête à bon dos, parue dans la collection Biophilia, chez José Corti, en mars 2018, j’ai pris ce parti de la lenteur. Après les animaux, j’ai écouté cette fois-ci ce qu’avaient à me dire l’arbre, le cyclanthère, la feuille morte, la carotte… Moi, l’animal, moi l’organisme mobile non fixé, je me suis imprégnée d’elles, les plantes, organismes fixes. Pour alimenter ma recherche, j’ai lu les auteurs naturalistes qui ont consacré leur vie à les étudier, qu’ils soient scientifiques reconnus ou amateurs, qu’ils soient d’hier ou d’aujourd’hui. J’ai regardé le monde chlorophyllien en prenant le temps de m’en imprégner. Dans cette proximité, le végétal m’a fait renouer avec les origines de notre monde, toujours avec plus d’humilité. L’observation, l’information, la poésie et le style s’y allient.
Observant l’humain, l’animal, ou le végétal, c’est toujours la figure de l’Autre qui s’inscrit dans mes livres. L’Autre, celui qui alimente notre « moi ». Je suis persuadée que l’humanité se gagne à l’intérêt que nous portons au vivant, quel qu’il soit. Nous sommes tous issus, eux, nous, de LUCA, ce Last Universel Commun Ancestor, premier organisme à l’origine de tout ce qui vit actuellement sur la Terre. J’œuvre à le faire comprendre. L’écriture est l’une de mes armes pour me joindre au combat contre cette anorexie mentale dont souffre l’Occident qui rejette l’Autre en mer, contre ce qui fait s’ériger des murs entre nous et ceux dont nous pourrions avoir faim plutôt que peur.
Les illustrations sont de Fabien Mérelle.
Fiche
- Visuel
- Année
- 2020
- Édition
- l'Arbre de Diane