Vogelsang ou la mélancolie du vampire

« Le battement du sang dans ses veines devenait assourdissant, au point qu’une abondante salive coula sur le menton de Laszl...o. Assez attendu. D'un coup sec, il planta ses canines dans la carotide offerte. La proie tressaillit : ultime frétillement. Libéré, le sang gicla avec force dans sa bouche et sur sa poitrine, suscitant en lui une atroce jouissance. Alors qu'il s'abreuvait à grands traits, Laszlo sentait décupler ses facultés. A chaque nouvelle gorgée, la fatigue et jusqu'à l'idée même de lassitude s'évanouissaient. Chaud, salé et délicieusement visqueux, le sang coulait dans sa gorge, emplissait son estomac, régénérait un organisme séculaire. Dans sa mémoire, des images se bousculaient en désordre : ses premières victimes à Dymovo sous l’aimante conduite de Théa, une charge dans la neige avec les cosaques, une fin de nuit le long de la rue Morskaïa, un couple surpris au bois de Boulogne et saigné séance tenante,… Quand il se releva, empli d'une nouvelle vie, Laszlo eut un hoquet. Le trop-plein, sans doute. Un zeste de nicotine ? Le vague dégoût qui lui était venu depuis sa dernière dormition et dont il préférait ne pas parler aux autres ? »

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Édition
L'Age d'Homme