Rouge au bord du fleuve

Un fleuve. Le Rhône. 
Une île, la Barthelasse, en face d’Avignon.
L’eau. Le vent. La lumière.
Et une femme sur la berge, qui porte un foulard rouge.

Le fleuve qu’évoque le recueil de Corinne Hoex, quel est-il ? Sans jamais le nommer, les courts poèmes du recueil permettent de l’identifier puisque la Barthelasse, citée dans le texte, est la plus grande île fluviale de France, située entre Avignon et Villeneuve-lès-Avignon, sur le Rhône. Trop puissant pour être emprisonné, trop impétueux pour s’accorder à l’immobile, ce dernier porte encore en lui la trace du fauve qu’il était. J’aime cette eau, cette île, cette nichée de prairies et de terre, corps allongé, étendu, attendu, séquestré dans le courant du fleuve. C’est que deux bras l’étreignent – l’un vif, l’autre dormant – caressant ses courbes, submergeant ses rives, laissant les « mains nues du vent » lier et délier son châle de soie rouge. Sans que l’on sache toujours qui du fleuve ou de l’île invente l’autre, Corinne Hoex confie à la poésie le soin de dessiner les cadastres d’une absence.
Bruno Doucey, éditeur

Fiche

Visuel
Année
2012
Édition
Bruno Doucey

Extrait

dans l’île avec le vent 
et sa caresse aveugle
dans l’île ton châle rouge 
et les mains nues du vent

et tu fermes les yeux
et tu entends le fleuve
son grondement sourd
le fleuve moiré d’argent