Uzès ou nulle part

Uzès.
La ville du rêve.
La ville de l’absence. 
Un songe emporté par le vent.

 

L’impression d’une réelle retenue pénètre et révèle ce lieu brûlant d’une nostalgie projetée vers l’avant, quelque chose d’une pudeur d’évocation de la relation à l’autre déjà relevée par plusieurs lecteurs à l’accueil des précédents livres de poésie de Corinne Hoex. Et, peut-on dire, cette pudeur vaut également pour ses proses. Mais comment effleurer, pour ne pas dire, convier, une telle sensibilité discrète ? Ici la figure du vent, figure sans repos qui nous enfonce dans l’impression d’un vide inaliénable ne devrait pas nous tromper au sujet de l’univers poétique que nous révèle ce titre, Uzès ou nulle part : tout ce qui demeure hors d’atteinte, tous ces paysages intérieurs, sont rejoints, touchés. Et ce serait une profonde erreur que de croire y découvrir quelque légèreté après y avoir identifié une telle obstination à tâter le fond de l’existence pour approcher au plus près ces lieux où aucune paix n’est jamais acquise, en mesure de se reposer. Au-delà de l’expérience singulière, cette parole poétique resserrée comme nulle autre, désigne un dénuement extrême, comme elle montre non moins cette fragilité secrète épousant les limites de l’expression, et où se joue la présence de ce qui s’est absenté, où se découvre un quotidien épuré de ses strates inutiles afin d’atteindre le plus démuni qui est aussi chez elle le plus dense, là où l’autre se trouve désormais : nous nous offrirons / l’un à l’autre / de beaux moments / de manque, peut-elle écrire. Ce sont les coups et blessures qui s’y dissimulent, que l’on pouvait croire un instant égarés ; et qui reviennent avec une précision de la langue, de l’expression, celle d’une passion qui embrasse le vent. Quelque chose d’une urgence, d’une brûlure traverse ce livre exceptionnel.
Pierre-Yves Soucy, éditeur

Fiche

Visuel
Année
2020
Édition
Éditions Le Cormier
Co-auteur.trice(s)
Dessin de couverture de Robert Lobet

Extrait

Parfois, je ferme les yeux, je suis à Uzès. Avec les remparts de pierres blanches. Les cyprès et les buis. Le crépitement des cigales. Le ciel bleu dans l’ogive d’un passage voûté. Le mistral dans ma robe. Un lézard qui détale.
Une rose sur sa haute tige d’épines résiste aux assauts du vent.