A la conquête de l'homme rouge
Ce roman décalé montre que gastronomie et politique font bon ménage. A l'aube de la quarantaine, Corinne Zed voit sa vie lui échapper : son mari l'a quittée, elle n'a plus d'argent et doit rendre les clés de sa maison de maître à Bruxelles pour un studio à Molenbeek. Mais, quand elle tombe sous le charme de Marco di Giacopo, une figure de l'extrême-gauche italienne, ancien poseur de bombes, partisan de la lutte des classes, Corinne décide de mordre la vie à pleine dents et surtout, de réveiller sa conscience sociale pour séduire le révolutionnaire.
Extrait
« Je mets ma bouche en forme de O, comme le O de rouge, de soviétique, de communiste. Je salive, j’humecte, je donne des coups de langue en partant de la base. Puis, je prends son pénis en bouche. J’effectue un lent mouvement giratoire, haut-bas, droite-gauche. À cet instant, je pense au mot de Staline qui, pour évaluer la force de l’ennemi, demandait : « Combien de divisions ? ». Je m’interroge : Combien de centimètres ? Ma bouche goulue se transforme en verre doseur, cet ustensile de cuisine servant à mesurer les ingrédients. À vue de langue, j’ai affaire à une saucisse Knäcki tout au plus. Peu importe, ce sceptre ne sera pas mon trophée personnel. Quand on est de gauche, on fait une croix sur le désir d’appropriation. Déjà sa kalashnikov fait pschitt. Le smoothie révolutionnaire a un goût décevant, comparable au fromage à tartiner Philadelphia. Pas de quoi porter à ébullition les papilles du plaisir, mais cent millions de spermatozoïdes de gauche par millilitre ne se refusent pas. Ce jet vivifiant me lave de toute concupiscence, de tout désir vain de conquête. Ça y est, j’ai effectué mon baptême gauchiste. »