Il sort et se dirige vers le talus, regrettant d’en être descendu pour le facteur. C’est le       ventre même de Romy qu’il gravit. Il se couche dans l’herbe, somnole. Et ce ventre          bouge, il sent le bébé, ses pieds, comme des vagues ondulantes, et ce ventre tremble.    Dans son sommeil, Vincent sourit. L’enfant bouge, l’appelle, il le sait maintenant, cet    enfant veut venir, et lui, père à venir, aussi petit que l’enfant, reçoit dans le dos des        petits coups de pieds, sent son petit cœur battre. Tout ça est bref. Vincent caresse de    ses mains ce ventre grand comme lui. Peut être pourrait-il aller rendre visite à ce bébé, l’embrasser. Il connaît le chemin. Tête la première, comme un  spéléologue, aller à la      rencontre de la vie qui vient, le surprendre – Coucou, c’est papa ! Il imagine la tête de    son bébé, recroquevillé, au chaud, dans les abysses de l’innocence. Ce bébé deviendrait père et lui rentrerait pour toujours dans le ventre rond, d’où il ne mourrait jamais, d’où il ne verrait plus personne mourir. Quand il se réveille, Romy est assise à côté de lui.

- Tu as senti ? Il y a eu un petit tremblement de terre.