Pierre Hubermont, écrivain prolétarien, de l'ascension à la chute

Né dans le Borinage en 1903, Joseph Jumeau est connu comme écrivain sous le nom de Pierre Hubermont. Rédacteur au journal socialiste L’Avenir du Borinage puis au Peuple, il participe à plusieurs revues littéraires progressistes. Très à gauche dans le P.O.B., mais anticommuniste, il opte pourtant, en 1940, pour l’« Ordre Nouveau » dans la mouvance d’Henri De Man. Il collabore avec l’occupant, d’abord comme journaliste, avant d’animer la Communauté Culturelle Wallonne. Arrêté en 1944, il est déféré devant le conseil de guerre. Son avocat plaide l’irresponsabilité, insistant sur les antécédents familiaux et sur le contraste entre ses articles avant et pendant le conflit. Il va ainsi sauver sa tête. On lui doit plusieurs romans dont, en 1930, Treize hommes dans la mine. En 1935, il signe un texte dans un ouvrage collectif sur la Nuit des Longs Couteaux, où il dénonce les atrocités, les massacres, les camps de concentration du régime avec lequel il collaborera pourtant quelques années plus tard.
Un personnage complexe dont trois auteurs cherchent à cerner les multiples facettes.

Fiche

Visuel
Année
2021
Édition
M.E.O.
Co-auteur.trice(s)
Claude Duray et Léon Fourmanoit

Extrait

Lorsque nous rédigeons ces lignes, quarante ans après son décès, que reste-t-il de Pierre Hubermont ?

Il convient sans doute de lire cette vie au regard de l’Histoire (avec sa grande Hache, disait Georges Perec). Comme les parents ou grands-parents des auteurs de ce livre, Pierre Hubermont a connu deux guerres mondiales. Si la première a sans doute contribué à sa fragilité psychologique (quatre années de privations juste après l’internement de sa mère), la seconde a probablement brisé sa carrière littéraire. Pareil à ces athlètes qui atteignaient leur maturité physique lors des jeux olympiques nazis de 1936 et qui, lors des jeux de la liberté en 1948, avaient cessé d’être compétitifs, le plus talentueux de nos jeunes romanciers  d’avant-guerre devait être frappé d’ostracisme après la Libération, son nom rayé de la liste des prix du Hainaut et ses nombreux écrits d’après-guerre ne trouvant pas d’éditeur.