« Le corps du pitre »

Fréquemment tenu pour un auteur enthousiaste, capable de s’émerveiller de tout et débordant de vitalité, Arthur Rimbaud est surtout le poète de l’ennui. Celui-ci ne tient pas tant du spleen baudelairien, fondé sur une mélancolie absolue et dont les motifs sont difficiles à objectiver, que d’un sentiment de déréliction procédant de la déception de l’ici-maintenant et des frustrations du quotidien. Omniprésent (jusque dans son emploi lexical qui traverse notamment les Illuminations), l’ennui rimbaldien et les tentatives déployées pour le pallier trouvent également à marquer le corps de l’énonciateur, tantôt prostré, tantôt livré à des expérimentations visant à briser la routine. Ce sont ces effets corporels que l’on questionne ici, en passant en revue les manifestations de désœuvrement ourdies par le poète avant de s’arrêter spécifiquement sur le poème Oraison du soir, qui se donne à lire comme une synthèse cathartique d’une posture où le discours et l’hexis s’articulent de façon cohérente.

Fiche

Année
2019