Dominique Maes

  • Écrit / Spectacle vivant / Multimedia

Chroniques poétiques d'un voyage à Montréal

Partir pour écrire, tel était le projet. J'avais dans mes bagages du bien bel ouvrage, des idées de romans, des poèmes, des nouvelles. Je fus accueilli par un autre langage, si proche du mien mais chantant autrement. Il m'entraîna dans sa jolie musique et me désarçonna métaphoriquement. Et puis la vie bien sûr, palpitait dans les rues, swinguait sur les trottoirs où je magasinais. Elle serpentait dans les squares et courait dans les sentiers du Mont-Roval. Je la rattrapais juste à temps dans un petit café et la laissais me roucouler ses mots dans les conversations. Elle m'obligea à considérer la promenade comme mon travail à plein temps. Alors chaque jour, je choisis une image parmi toutes celles qu'en explorateur ébloui, je fixais dans celles que m'offrait généreusement la grande ville. J'épinglai un à un ces petits papillons qui firent s'envoler mon imagination. Voici qu'aujourd'hui ma jolie collection s'en vient vers vous, pour vous emmener en voyage.

Fiche

Visuel
Année
2023
Édition
Murmure des soirs

Extrait

Nul besoin de se perdre dans un désert de sable, de plonger au cœur d’une nature luxuriante où vous serez moins que rien, de naviguer sur un esquif au milieu d’un océan sans fin, pour prendre conscience de votre solitude. Elle vous sera plus fortement révélée au milieu de vos semblables agglutinés devant la porte d’embarquement d’un aéroport, trépignant devant la station des taxis raréfiés puis errant dans une ville dont vous ignorez la topographie.

Vous l’avez voulu. Vous avez complété des dossiers. Vous avez été choisi. Vous êtes l’heureux et orgueilleux élu d’une résidence littéraire. Vous êtes parti en voyage. Seul. Abandonnant famille et amis, vos habitudes, vos petits rituels quotidiens qui remplissent si bien le vide abyssal de l’existence. Vous ne devez pas sortir le chien. Vous ne vous préoccupez plus de personne. Et un message sur votre téléphone portable vous avertit que là-bas, chez vous, tout va bien. On se débrouille déjà parfaitement sans vous.