Dominique Serron

  • Spectacle vivant / Audiovisuel

Le conte d'hiver

Quand Dominique Serron s’attaque au Conte d’Hiver de Shakespeare, elle s’affronte à l’une des oeuvres les plus riches de cet auteur, l’une de ses dernières, où il s’inspire lui-même d’un roman de Robert Greene. Le Conte d’Hiver est considéré comme un génial condensé, un grand récapitulatif de l’œuvre de Shakespeare. Cette fable est nourrie d’Othello, d’Hamlet, de Roméo et Juliette et de beaucoup d’autres pièces. Le théâtre lui-même s’y interroge. Avec Jean Bollack, Dominique Serron constate que les nombreuses versions françaises de cette pièce grouillent de contresens. Bravant le texte original, elle ne cherche pas seulement à être au plus près de la source, en restaurant les moments, les nœuds de langage, les jeux de mots où les traducteurs ont buté, en cherchant dans la langue française les plus justes et les plus fortes correspondances. Mais cette littéralité, elle s’en sert surtout pour retrouver les pulsions invisibles de la langue, pulsions qui détermineront le jeu des acteurs et le travail de mise en scène que Dominique Serron voit également comme une traduction, une transposition où tout peut arriver au texte. Voilà pourquoi son adaptation comme sa mise en scène du Conte d’Hiver nous restituent, en la réinventant, la virtuosité tragique, épique, comique de cette œuvre pleine de dédoublements, d’explosion carnavalesque, de jeu de masques qui révèlent au lieu de cacher. Il y avait, et je peux en témoigner, dans ce spectacle, dans cette représentation du Conte d’Hiver, une véritable fusion entre un texte, une scénographie, une mise en scène et un formidable jeu d’acteurs. (Luc Jabon)

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