Le peintre des Caraïbes
« Comment savoir qui on est lorsqu’on ne sait pas d’où on vient ? »
Il y a vingt ans, Adrian a abandonné ses fils, Baptiste et Alex, pour réaliser son rêve : devenir peintre. Aujourd’hui, il vit dans un cadre paradisiaque, mais cela ne lui suffit plus. Il veut renouer avec ses deux garçons.
Alex n’arrive pas à se construire en France. Il décide de se lancer à la recherche de son père et atterrit au Panama. Alors qu’il n’a jamais été aussi proche de le revoir, une croisière en catamaran fait tout basculer.
À Strasbourg, Baptiste a découvert une lettre inquiétante : son frère a des ennuis. Éléonore, la nouvelle compagne de Baptiste, suit son instinct et s’envole avec lui afin d’aider Alex. Parviendront-ils à retrouver sa trace ?
Fiche
- Visuel
- Année
- 2023
Extrait
Aujourd’hui.
Baptiste froissa à nouveau la feuille qu’il tenait entre ses mains. Depuis qu’il avait découvert la lettre de son frère, il l’avait lue au moins une dizaine de fois. Ou peut-être plus. Les marques des pliures du papier se confondaient avec l’écriture fébrile d’Alex. Assis inconfortablement sur le siège de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, il trépignait d’impatience. Au sens propre d’ailleurs : comme son père quand il était nerveux, il ne pouvait arrêter d’agiter sa jambe droite. Il fourra la lettre dans sa poche et leva les yeux vers le tableau qui annonçait l’heure de décollage des avions. 14 : 05 Panama City. Il vérifia à nouveau le terminal – 2E – et le numéro de vol. On Time précisait le panneau lumineux. Et après ? s’inquiéta Baptiste.
- Tout va bien ?
Il se tourna vers la voix féminine qui interrompit ses pensées. Le Français sourit en contemplant celle qui était à ses côtés. Ses cheveux blonds étaient attachés en queue-de-cheval, comme la première fois où il l’avait aperçue. Elle tenait fermement de ses deux mains son sac à dos solidement posé sur ses épaules, comme si elle avait peur qu’il tombe. Prête pour le voyage, elle était peu maquillée, portait une veste de pluie légère et des baskets confortables. Tu es là. Donc oui, évidemment ! Il craignait encore de trop montrer à quel point il était heureux qu’elle soit à ses côtés.
- Ça va, oui. On va jusqu’à la porte d’embarquement ?
- D’accord.
Il saisit son sac à dos qu’il hissa sur ses épaules. Baptiste avait l’impression qu’il pesait une tonne. Ou peut-être était-ce seulement le poids des responsabilités qui alourdissait son bagage. Il sursauta lorsque sa compagne de voyage lui prit la main, peu habitué à ce qu’elle lui témoigne de l’attention en public.
- Merci de venir avec moi, lui confia-t-il alors qu’ils avançaient sur le tapis roulant destiné à accélérer de quelques microsecondes l’avancée des passagers pressés – ou des plus fainéants. Il caressa doucement avec son pouce cette main qu’il ne voulait plus jamais lâcher.
- J’espère qu’on le retrouvera vite, répondit Éléonore en lui souriant tendrement.