Née d'une vague
Et si pour se trouver, il fallait partir ?
Charlie est une obsédée du contrôle. Journaliste ambitieuse, elle entame seule un canoë trip en Suède pour écrire la chronique qui fera décoller sa carrière. Lorsqu’elle démarre cette aventure, elle ignore que la nature n’a rien de glamour ou de confortable. S’engage pour elle un bras de fer contre les forces élémentaires. Le froid, la peur, la fatigue ne lui laissent aucun répit, à tel point que sa vie même est en danger.
Au cours de rencontres et d’expériences bouleversantes, Charlie va vivre un véritable voyage initiatique, en quête de la femme sauvage qui est en elle.
Survivra-t-elle aux épreuves qu’elle s’est imposées ? Parviendra-t-elle à abandonner ses certitudes pour oser ressentir autrement ?
Fiche
- Visuel
- Année
- 2022
- Édition
- Emilie Gerard Editions
Extrait
Jamais je n’ai connu la nature comme elle s’affiche sous mes yeux. D’habitude, je la fréquente sous une forme domestiquée : bien ordonnée dans les jardins, taillée dans les parcs, contenue autour des sentiers de promenades. Ici, son foisonnement est impressionnant : la densité du couvert végétal, la quantité d’eau, la faune qui pullule partout… Elle me balance sa sauvagerie au visage, me mettant au défi de la traverser. L’homme ne peut rien contre elle. Le rapport de force est inversé. C’est son territoire et non le mien. Je ne parviens pas à m’identifier comme faisant partie d’elle, animal parmi d’autres. Intruse je demeure.
Au loin, une poignée de maisons parsèment les flancs de collines qui se jettent à l’eau. Ces traces d’humains desserrent l’étau autour de ma poitrine.
Au fond, ne suis-je pas moi aussi domestiquée, par mon entourage, par la société tout entière ? Ma vie est très contrôlée : horaires minutés, sans place pour l’imprévu ; objectifs précis, dans le travail et dans le privé. Je corresponds au cliché de ma classe sociale. Ce que je consomme, ce que je désire, tout est normé. La plupart du temps, je sais ce qu’on attend de moi et je m’emploie à y répondre. Ne suis-je pas bridée, comme la nature urbaine ? L’idée me choque. Je suis un animal de zoo qui rencontre son homologue sauvage et en reste stupéfait.
De penser la nature comme ma compagne non domestiquée me la montre sous un autre jour. En demeurant sur mes gardes, je commence à jouir de sa beauté. Car belle, elle l’est. D’une beauté si forte qu’elle n’est pas exempte d’un effet terrifiant.