Le stréphochronoscope

Lorsqu’un·e individu·e se regarde dans un miroir, iel s’observe deux nanosecondes plus jeune, soit le temps que prend la lumière parcourir la distance entre le miroir et l’œil. Mais que se passerait-il si la vitesse de la lumière diminuait ? Le stréphochronoscope[1] , appareil optique interactif d’un nouveau genre, joue avec les propriétés du miroir. Soulevant la question de la perception du temps, l’installation invite à se placer face à une glace « cristal »[2] sur laquelle les ondes stroboscopiques font ressurgir les reflets virtuels du passé. Il suffit que les spectateur·ices actionnent le phénakistiscope – jouet optique placé sur un axe rotatif – pour animer le miroir. Au fil du temps, les fantômes des participant·es précédent·es s’impriment sur la surface miroitante.

Cette installation rend hommage au pré-cinéma à deux égards. D’une part, elle convoque un instrument optique, le phénakistiscope inventé par Joseph Plateau en 1832. Devenu une attraction foraine, le phénakistiscope déploie une animation cyclique dans l’instant comme une irruption soudaine du mouvement qui est propre au temps présent, actuel. D’autre part, un effet chronophotographique rappelle les travaux scientifiques d’Étienne-Jules Marey sur la décomposition du mouvement. Cette technique révèle des images spectrales d’un passé à peine passé et encore contemporain du présent de l’action.

Ainsi, Le Stréphochronoscope conjugue l’aspect ludique des attractions foraines avec une réflexion plus philosophique sur le temps par la perception que peuvent notamment procurer les outils scientifiques.

[1] Néologisme formé du grec stréphô – « tourner » –, chronos – « temps » – et skopein – « examiner ».

[2] Le terme fait ici référence au concept d’image-cristal inventé par Gilles Deleuze dans son second ouvrage sur le cinéma

Fiche

Visuel
Images
Son
https://soundcloud.com/le-fresnoy/ethann-neon-le-…
Année
2024
Réalisation
Ethann Néon
Production
Le Fresnoy - Studio national des arts contemporain en collaboration avec l'IRCAM Centre Pompidou avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Co-auteur.trice(s)
Engin Dağlik