Eugène Sawitzkaya

  • Écrit / Son / Audiovisuel / Spectacle vivant

La disparition de maman

"Ceci est un roman. C'est-à-dire un livre qui ne raconte pas qu'une seule histoire, mais qui rassemble plusieurs récits, qui les allie en d'inextricables et significatives proximités, qui fait feu de tout bois, comme dans un jeu entre enfants, gouverné par le seul souci de perpétuer l'aventure. Histoires gigognes, pleurs, cris et danses qui pourraient finalement, ne constituer que la seule vie bien remplie d'un seul protagoniste, “ Frégoli ” insensé qui tenterait toutes les expériences, les possibles et les impossibles, les imaginaires et les réelles. En ce sens, La Disparition de maman est bel et bien un roman d'aventures. Il s'adresse, en priorité, aux enfants très expérimentés que nous n'avons jamais été et dont nous n'avons jamais eu la ferveur, aux inventeurs du feu, de la roue et des patins à roulettes. Il remet en cause les habituels personnages de romans, fantoches qui, trop souvent, obéissent à une logique interne et dont tous les actes, d'une certaine manière, sont prévisibles. Le roman d'aujourd'hui doit donc, nécessairement, montrer de nouveaux héros vivants dans leur propre imaginaire et aux comportements imprévisibles qui, de plus, agissent et rêvent en symbiose avec ce qui les entoure, objets, animaux et végétaux. Chaque roman devrait être un tour du monde en cent pages. Ce roman nie le temps, se situe au-delà du temps dans la mesure où l'auteur ne considère pas ses personnages comme des créatures lui appartenant corps et bien ; ils apparaissent, disparaissent et l'on n'est jamais sûr de les reconnaître à bon escient ; ils sont doués d'une existence hasardeuse. Le livre demeure constamment ouvert. L'auteur serait dès lors devant son ouvrage, comme ce promeneur plongeant un bâton dans une fourmilière et observant ce qu'il s'y passe avec une curiosité extrême et une totale candeur. Ce livre n'entend rien démontrer, ne veut rien raconter, à la limite ne veut rien dire, mais tout apprendre, tout entreprendre et tout réussir. Et le roman devient ce qu'il devait être : une vaste chambre d'échos, un livre sans fin. " (Source : Editions de Minuit)

Fiche

Année
1982
Édition
Minuit (Les éd. de)