Petites crispations juvéniles

Les pérénigrations de jeunesse de Gabriel

PETITES CRISPATIONS JUVENILES Gabriel est un tamponné de la vie, du sexe, de l'amour. Un mal parti en apnée dès sa naissance malgré son sang bleu. Voici six nouvelles qui se déclinent en autant de périodes de sa vie. L'adolescence, la post adolescence, les prémices de la vie adulte, la découverte du vrai amour, la création d'une famille et la découverte de la paternité. Il ne s'agit pas d'y voir une quelqconque adaptation à la norme sociale hétérosexuelle. Encore moins aux convenances. Gabriel est en permanence dans le rouge rugissant des tours minutes de la vie. Le crash peut survenir à tout instant. Six étapes dans un monde bancal.   "Un livre coquin, déjanté, bien écrit, à ne pas mettre entre toutes les mains, et s’il peut choquer, il a pour lui d’assumer par toute une série d’aspects une ethnographie de la vie amoureuse." Les six nouvelles de François HARRAY, PETITES CRISPATIONS JUVÉNILES (Editions Traverse, 104p., 10€), frappent par leur caractère culotté sur des thèmes tels que le sexe, l’amour homosexuel, les initiations amoureuses. Ce nouvel auteur, par ailleurs versé en histoire de l’art et photographie, relate des chroniques sulfureuses et chaudes, ici ou ailleurs, dans un Maroc de «palmiers dansants» (c’est le titre de la dernière nouvelle). Sans fausse pudeur, ces nouvelles assez guibertiennes (« La mort propagande »), racontent par le menu les rencontres de Gabriel, ses ébats avec ses amants, ses déconfitures, sa soif de vivre et de brûler la vie à cent à l’heure. L’humour noir n’est pas absent, et l’un des récits, « Petite chronique d’un jeune tueur », entre littéralement dans la conscience ou l’absence de conscience d’un jeune homme délirant, qui a brisé tous les tabous. Un livre coquin, déjanté, bien écrit, à ne pas mettre entre toutes les mains, et s’il peut choquer, il a pour lui d’assumer par toute une série d’aspects une ethnographie de la vie amoureuse. Philippe Leuckx (Les belles phrases)   Gabriel en six nouvelles... comme autant d'étapes sur le chemin de l'irrémédiable ! Les tribulations improbables et inconvenantes de Gabriel lorgnent ostensiblement du côté des Chants de Maldoror. François Harray nous a commis là un ouvrage noir et vénéneux auquel il ne nous avait pas habitués. Si on n'y cherche pas à tout prix une stricte logique narrative, il se lit avec un plaisir morbide... qu'il vaut mieux assumer !  L’œil de La Lucarne.org   Le travail de François Harray est percutant. Il pousse à la réflexion, à la question.  Dans l’oeuvre de François Harray, la narration est importante. Il nous explique que dans le milieu gay, la notion de narration est omniprésente. Selon lui, « la fiction est plus importante que la vie réelle, plus riche. Raconter des histoires est primordial pour vivre et survivre. » En 1995, il avait d’ailleurs créé une maison d’édition Théglacé, spécialisé dans la littérature gay. Théglacé a existé pendant une dizaine d’années. Mais il continue son travail de narration à travers ses photographies. Elle raconte toutes des histoires: L’histoire du tableau avec le message de l’artiste original et l’analyse actualisée par François. « L’imagination stimule le cerveau. Grâce à elle, on peut voyager sans limite ! » Il vient d’ailleurs d’écrire un recueil de nouvelles disponible aux Editions Traverse, Petites Crispations Juvéniles. « Six nouvelles en forme de fox-trot (certains textes sont des tangos quand on parle d’amour). Ici, ça vit dans de petites crispations juvéniles toutes en luxure (j’adore ce mot désuet) et en innocence au pied du désir. Ça valse donc. François Harray nous balade en compagnie de ses personnages ravagés de la vie et amoureux de la volupté (encore un désuet) dans un monde apparemment banal. Si ce n’est que c’est notre monde, où tout le monde ment, évidemment. » À lire, évidemment ! Les garçons en ligne – John Noa    www.francois-harray.be/books  

Fiche

Visuel
Année
2015
Édition
Traverse
Production
Daniel Simon

Extrait

Lorsque la bourgeoise campagne où nous créchons s’endort, mon mec Sébastien et moi-même empruntons les clés de voiture de nos parents afin de secouer la torpeur ambiante. Avec notre V8, nous allons marteler les pavés de nos centaines de chevaux vapeurs. Les pneus chaufferont dans une odeur âcre (presque) plus excitante que celle des aisselles de mon lapin. Des poussières opaques de caoutchouc boucheront notre arrière-garde mais qu’importe, seul le face à face nous happera.
En tournant la clé de contact, le rugissement du moteur hyper vitaminé nous pète les neurones. La bête trépigne. Combien de temps puis-je la maintenir cabrée ? Tout n’est que pistons qui cognent, odeur d’huile brûlée, salive, érections et yeux exorbités. Mon Loulou agrippe ma manche pour ne plus la lâcher. Frimeur, je sers mes masséters avant d’accélérer à fond dans un crissement de roues hystérique. Ecrasé dans les fauteuils de cuir de la Ford, j’agrippe le volant sport. La cavalcade est lâchée. Atteignant les 100 km/h en quelques secondes, nous enfilons, en les survolant, les routes sinueuses que nous maîtrisons les yeux fermés.
Vertige.

extrait de la nouvelle "La route de la mort"