Niznayou
Une jeune femme vivant sous l’emprise de son compagnon fait la rencontre d’un enfant réfugié, rescapé de la guerre de Tchétchénie. Confrontés chacun à la violence – elle dans son couple, lui par son passé –, tous deux éprouvent le besoin puissant d’être aimés.
Dans le centre pour réfugiés où elle travaille, Lena croise un gamin un peu sauvage qui prétend s’appeler Niznayou. Intriguée par son attitude mystérieuse, elle découvre peu à peu son passé alors qu’il vivait encore avec sa mère à Grozny, sous les bombes russes. Entre Lena et son protégé naît un sentiment d’empathie et de tendresse.
Une ville de province dans les Ardennes, quelques chasseurs en mal d’émotions fortes, une rumeur, des gens ordinaires avec leurs petites folies et leurs rêves, une forêt où l’on peut se perdre… Et l’enfant, au centre de tout. Un aventurier au grand cœur et deux vieux solitaires vont, comme Lena, apporter un nouveau souffle de vie à Niznayou. Mais que savent-ils vraiment de lui ?
Fiche
- Visuel
- Année
- 2024
- Édition
- MEO
Extrait
L’enfant n’avait pas prémédité sa fugue. Il n’avait emporté qu’un petit couteau, trouvé dans la cuisine.
Il continua sa marche incertaine. Il n’avait aucune idée de sa direction, les chemins semblaient avoir disparu. Son talon gauche était douloureux. Il se mit à boiter.
Des larmes mouillèrent ses yeux. Il était peut-être en train de tourner en rond sans le savoir, comme dans un récit que sa mère lui lisait là-bas, à Grozny, en Tchétchénie, quand il y avait encore des maisons debout et des armoires avec des livres.
Il demanderait à la dame blonde de l’Association de lui en prêter un et ils le regarderaient ensemble, blottis l’un contre l’autre, même si les mots étaient écrits dans un alphabet qu’il ne maîtrisait pas tout à fait.
Peut-être qu’un jour il lui dirait son vrai prénom à la place de celui dont on l’avait affublé à l’école quand il faisait semblant de ne rien comprendre et répondait aux questions de l’instituteur par deux mots répétés en boucle : ni znayou ni znayou.
Tous les gamins de la classe s’étaient mis à l’appeler « Niznayou ». C’est ce qu’ils avaient crié en battant les chemins pour le retrouver, quand il s’était volontairement éloigné du groupe, ébloui par la beauté de la nature, de l’immense forêt mystérieuse qui l’accueillait lui, le petit orphelin venu d’un pays meurtri, aux villes et villages rasés par les bombes russes.