L'enfant est sur le sable. À genoux il joue. Il sent le sable qui mord ses genoux. Il sent à peine la morsure de sa peau. Il bouge. Il creuse le sable avec la main. Il creuse. Il creuse. Il creuse avec passion. Ses bras et sa tête ne forment qu’un axe autour duquel son corps tourne, tout orienté vers la seule action de creuser le trou au fond duquel s’activent ses mains. Il sent le sable au bout de ses doigts. Il sent le sable sous ses ongles qui s’enfoncent et aident à creuser dans la masse qui devient plus compacte au fur et à mesure que le trou devient plus profond et que l’humidité et le froid l’envahissent. Comme il a creusé le sable sec, chaud et léger, il creuse maintenant le sable humide, le sable mouillé, il dit. Le sable sec accumulé autour retombe au fond du trou. Sa main le remonte sur les bords du puits. Il retombe. Sa main le remonte encore, plus vite, et en ajoute encore une petite couche. Il explique qu'il creuse un puits. Il dit qu’il ira jusqu'à la mer, la mer dont il entend le bruit des vagues, à quelques mètres de lui.

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© Frédéric ROLLAND - SACD 2022