Ju : Ce matin, en ouvrant ma boîte aux lettres, j’ai vu une enveloppe jaune sur laquelle il y avait des timbres de toutes les couleurs. L’enveloppe venait de très loin, par avion, au-delà des mers. Dans mon cœur cela a fait cloc, cloc, cloc. Parce que je savais qui m’écrivait. Ju ouvre la lettre. Zou : Cher Ju, J’espère que tu vas bien et que Grigri aussi. Ici, il fait beau, très beau et la mer est bleue comme sur la photo, tu t’en souviens ? Depuis ta dernière lettre il s’est passé tant de choses, je ne sais par où commencer. Je suis enfin retournée au village. Notre village. On reconstruit tout. J’y ai même trouvé du travail. L’école du quartier est ouverte maintenant et j’ai été engagée comme institutrice pour la classe de deuxième année. Je suis contente. Et je pense à Madame Livia et aussi à l’école et à notre rue. Hier, après le déjeuner, nous étions sous les arbres, j’ai raconté aux enfants notre histoire. Et je leur ai dit : c’est l’histoire d’un petit garçon qui s’appelle Ju. Ju : Et d’une petite fille qui s’appelle Zou. Zou : Ils habitent la même rue. Ju et Zou : La rue des Orangers. Ju : On la reconnaît facilement parce que c’est une rue où il n’y a pas d’orangers. Ju et Zou vont à la même école. Zou et Ju : L’école des Châtaigniers. Zou : On la reconnaît facilement parce que c’est une école où il n’y a pas de châtaigniers, pas de vrais châtaigniers, mais la maîtresse de troisième en a peint de faux avec sa classe sur le mur de la cour. Ju : Ju connaît bien l’école. Très bien. Il la connaît parce qu’il est dans cette école depuis qu’il est tout petit. Et puis son grand frère y a été et son grand-grand-frère et son grand-grand-grand-frère et toute sa famille avant lui. Zou : Zou, elle ne connaît pas l’école, parce qu’elle vient d’arriver, parce qu’elle n’a pas de sœur, de grande-sœur et de grande-grande sœur, donc, elle ne connaît pas l’école et personne et rien.