STIB

Deux femmes seules dans la ville qui se rencontrent dans les transports en commun. Deux univers diamétralement différents qui se croisent, s'entrechoquent, s'unissent

Fiche

Visuel
Année
2006

Extrait

Dans le bus. Magda est assise, Eva est debout, elle lit un livre. Magda : Excuse-moi de t’interrompre mais la ceinture de ton manteau traîne par terre. Eva sans lever les yeux du livre: Je sais. Magda : C’est dangereux. Tu pourrais glisser et te casser une jambe. Ou encore le col du fémur. Et après, tu es bien arrangée. Ma voisine ousque j’habitais avant, elle a eu ça et elle est morte. Il ne faut pas rigoler avec ça. Eva remet sa ceinture comme il faut. Un temps. C’est comme ton GSM, là, dans ta poche, je ne veux pas me mêler, mais bon, si on te le vole, tu ne pourras pas dire que tu n’y es pour rien. C’est une tentation pour le voleur. La personne ne veut pas te voler, mais elle voit ton GSM et elle te vole. Toi, tu ne retrouves plus ton GSM, tu te dis que le monde est mauvais, alors qu’en fait, les gens sont bons, mais toi, tu les tentes et alors, ils font du mal. Eva : Si on me le prenait, je le sentirais. Un temps, Magda prend le GSM. Magda : Tu as senti que je t’ai pris ton GSM ? Eva : Vous avez pris mon GSM ? Magda : Ben oui, regarde. Tu vois que tu ne sens pas ce qui se passe dans ta poche. Tiens, reprends-le. Eva le met dans son sac. Tu as compris la leçon. Un temps. Il est joli ton GSM. Ce n’est pas comme le mien. Elle le sort de sa poche Vieux et moche. Mais bon, c’est un cadeau. Sentimental. Alors je le garde. Un temps. Enfin, quand je dis que c’est un cadeau, c’est plutôt un souvenir. C’était à ma voisine ousque j’habitais avant. Elle n’en a plus besoin maintenant. Eva se replonge dans sa lecture. Dis, tu peux venir t’asseoir. La grosse dame est descendue. Ce n’est pas bon de lire debout avec les chocs. Tes yeux se fatiguent plus vite. Et c’est comme ça qu’on attrape des lunettes. Eva agacée : C’est peut-être comme ça que vous avez eu les vôtres ? Magda : Non, c’est pour autre chose que j’ai des lunettes. Eva vient s’asseoir à côté d’elle et continue à lire. Dis, tu sais que tu as un trou dans ton bonnet. Mais un gros trou, pas un petit… Eva horrifiée : J’ai un trou dans mon bonnet ? Magda riant : C’est une blague ! Moi, j’aime bien de rigoler. Tu lis quoi ? Eva : A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Magda : Et c’est bien, c’est amusant ? Eva : Je ne dirais pas que c’est amusant. Magda : Pourquoi tu le lis alors ? Eva : Parce que c’est un chef d’oeuvre Magda : Ah, c’est bien alors. Eva : Tu aimes lire ? Magda évasive : J’aime tout. Un temps Et à la fin, il le retrouve ? Eva : Quoi ? Magda : Le temps qu’il a perdu.