Il y a une dizaine d’années on voyait le renouveau du mouvement social en amerique latine dans les mouvements de base : les sans terre du Brésil, les zapatistes mexicains, les usines occupées argentines, etc. Depuis quelque temps, après la victoire électorale de divers partis de gauche un peu partout dans le continent on a tendance à voir les choses au niveau géopolitique. Comme si ces nouveaux gouvernements étaient le dépassement des mouvements sociaux. La réalité est plus complexe, les logiques des mouvements sociaux ne coïncident pas avec celles des gouvernements, aussi « sympathiques » soient-ils. Parfois elles font un bout de chemin ensemble parfois elles s’affrontent, et parfois simplement elles s’ignorent. Il ne s’agit pas de revendiquer une voie pure, celle de la base, contre le compromis d’assumer le pouvoir. Mais il ne faudrait pas non plus, encore une fois, tout miser sur le pouvoir central. Les mouvements sociaux, avec leur diversité, leurs temporalités, leur profondeur , leur inventivité , s’occupent de questions que l’on ne peut aborder depuis le pouvoir.
L’entretien avec le réalisateur Nicolas Defossé porte sur « l’autre campagne » organisée par les Zaptistes en 2006, à laquelle il a participé et dont il a réalisé un film documentaire. Par ses thématiques, le moment de son déroulement (pendant la campagne électorale) cette expérience me semble intéressante et éclairante sur le rapport entre mouvements sociaux et partis politiques.