L'ombre du zèbre n'a pas de rayures
Vous croyez que vous pourrez échapper à la résurrection des zèbres?
Grave erreur !
Fiche
- Visuel
- Année
- 2019
- Édition
- Acrodacrolivres
Extrait
Samedi 3 novembre 2019. Il pleuvait cette nuit-là. Je m’en souviens parce que je fixais une goutte sur la vitre, une goutte qui peinait à glisser et se perdait en zigzags incessants. Je savourais sa lenteur, elle me raccrochait à une forme de réalité rassurante. À cet instant précis, alors que rien encore ne le laissait présager, je crois que je savais déjà que le monde ne serait plus pareil. Je m’étais calfeutré dans ma chambre et ne percevais plus de la fête qui faisait rage à l’étage du dessous, qu’un bruit sourd qui me tannait pourtant encore les oreilles. Machinalement, je les ai bouchées du plat de mes mains. Il devait être trois heures du matin. C’était une idée de mon frère : fêter nos vingt-cinq ans dans cette maison où nous cohabitions, avec un tas de gens, un paquet de joie et des litres d’alcool. Il voulait rire et danser jusqu’au bout de la nuit. Dans ma réalité, cela signifiait dégager du bruit, des odeurs décapantes, des visions désagréables et des conversations creuses. Sans parler des souvenirs laissés par les hôtes, sujets à controverses, et que nous découvririons dans des lieux incongrus après une bien trop courte nuit. À supposer que nous ayons dormi. Bref, l’enfer ! Il avait invité une cinquantaine d’amis, si on pouvait appeler ça des amis. Moi, quatre. Et sans surprise aucune, ils avaient ri, crié, bu beaucoup, et s’étaient pavanés devant Max, mon jumeau, qui dansait torse nu, embrassant sa petite amie à pleine bouche, puis une autre fille. L’enfer, je vous dis !