Je danse devant toi toujours…
Je danse devant toi... ou la cérémonie des adieux. Quitter l’autre, c’est aussi s’abandonner soi-même. Isabelle Martin envoie cette lettre en forme de poème visuel à l’âme soeur (et perdue) et danse toujours : “jusqu’à en user (ses) chaussettes”.
Ce film très court mêle les matériaux les plus divers. Aux images de pieds en chaussettes dansant sur le sol carrelé s’ajoutent celles d’une très jeune fille qui virevolte dans les vagues, l’album souvenir d’un amour savamment confectionné, accompagné -off- d’un inventaire à la Prévert, un sein ardemment embrassé, ainsi qu’un visage qui peu à peu disparaît dans la buée. Et toujours Leonard Cohen.
“Alors je pose la caméra au sol et j’imagine que tu me filmes.” Le corps est parfois aérien lorsque la musique s’interrompt, lourd - comme l’amour qui fait mal - lorsqu’il heurte le sol, violemment. “À chaque fois je mets les mêmes chaussettes. Et après chaque danse, je brode la date ainsi que la durée pendant laquelle j’ai dansé pour toi.” Ainsi le deuil de s’accomplir, le temps de passer, une étape de vie de se franchir.
À travers ce haïku visuel, Isabelle Martin organise le chaos d’une violence, gère un sentiment douloureux et force la joie à recouvrir l’amertume. Ecriture singulière de l’intime. Jeu de miroir pour l’histoire d’un amour qui passe. “Figer les choses, laisser une trace, ça m’aide à casser, à avancer. J’ai décidé de danser jusqu’au jour où je ne serai plus amoureuse de toi.”
Extrait du catalogue de Visions du réel o5, Nyon, Avril 1999
Fiche
- Visuel
- Vidéo
- Année
- 1998