La comptine du temps
Fiche
- Année
- 1994
- Édition
- Cormier (Le)
Extrait
A comme Arbre, Argile, Attente... In illo tempore, la forêt était en marche. Le temps, encore enfant, accompagnait la progression des arbres en fredonnant une comptine. La chanson à quatre temps rythmait l'avancée des grands feuillus. De jour comme de nuit, ils parcouraient la planète qui, à leur passage, s'ombrait de bleu. Il leur arrivait parfois de faire halte non, qu'ils fussent fatigués, les arbres ne connaissaient pas la fatigue, mais parce qu'ils avaient rejoint leur terre d'élection. Quand ils étaient en terre, les arbres n'interrompaient pas leur voyage. Simplement, ils en modifiaient pour un temps le cap, le sens, pourrait-on dire, l'essence peut-être aussi. Délaissant la surface des choses, leur trajet gagnait en profondeur, se verticalisait. Les arbres ne cessent jamais d'être en marche, même quand on les croit en terre. (...)