Au café-brasserie.
À un moment donné, pendant la conversation, la femme généreuse passe et donne à Elle la boîte avec deux galettes.
Le bourgmestre (à l'homme mondain, qui regarde fixement Elle à travers la fenêtre) – Elle vous gêne ?
L'homme mondain – …
Le bourgmestre – Elle vous gêne ?
L'homme mondain – Pardon, j’étais ailleurs. Me gêner ? La… là ? Non. Non, pas du tout.
Le bourgmestre – Certains disent qu’il faudrait les expulser.
L'homme mondain – Oui.
Le bourgmestre – Vous êtes d’accord qu’il faudrait les expulser ?
L'homme mondain – Heu… je ne sais pas. Je disais oui : « oui, certains disent qu’il faudrait les expulser. »
Le bourgmestre – Et vous ?
L'homme mondain – Je ne sais pas.
Le bourgmestre – Est-ce qu’une fille comme elle vous empêcherait, par exemple, d’entrer au salon de coiffure ?
L'homme mondain – C’est un salon pour femmes.
Le bourgmestre – Oui, mais si…
L'homme mondain – Je ne sais pas. Je ne pense pas. Enfin, peut-être.
Le bourgmestre – Vous n’êtes pas d’ici ?
L'homme mondain – J’y suis né, mais j’ai quitté la ville depuis pas mal d’années. Le métier… La vie…
Le bourgmestre – Là où vous habitez maintenant, quelle est la politique communale en matière de… ces gens-là ?
L'homme mondain – Je ne sais pas. Je ne fais pas attention.
Le bourgmestre – Je ne voudrais pas vous paraître importun, ou indiscret. J’ai oublié de me présenter : je suis le bourgmestre de cette ville.
L'homme mondain – Je sais. Les affiches électorales…
Le bourgmestre – Évidemment, suis-je bête… Il est toujours intéressant d’avoir l’avis de personnes extérieures.
L'homme mondain – Je me demande comment elle en est arrivée là.
Le bourgmestre – Allez savoir. Ces gens-là ne se livrent pas.
L'homme mondain – Elle pourrait être ma fille.