Laurent Bonnaud

  • Écrit / Son / Audiovisuel / Multimedia

France-Angleterre : un siècle d’Entente cordiale, 1904-2004

Les relations entre la France et la Grande-Bretagne se caractérisent par un mélange original d'attirance et de défiance. Leur histoire commune, leurs caractères nationaux et leur position au sein d'ensembles plus larges contribuent à cette situation. Un siècle après la signature du traité d'Entente cordiale entre les deux gouvernements, le 8 avril 1904, il est légitime de s'interroger sur ce couple paradoxal, en mettant l'accent sur ses hauts faits et ses déboires. Au-delà des vicissitudes politiques, les habitants des deux pays ont tissé des liens nombreux et durables. Une imagerie particulièrement riche s'est développée. Chercheurs et témoins en saisissent ici plusieurs dimensions dans une série d'essais novateurs, où la rigueur scientifique n'exclut ni le sens de l'anecdote, ni l'humour. A travers l'économie, la mode, le sport, la musique populaire, dans la vie quotidienne des citoyens comme dans l'univers des décideurs, le lecteur comprend la signification véritable de ce siècle de l'Entente cordiale, dont les racines débordent largement le seuil de la Belle Epoque. http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=17213

Fiche

Visuel
Année
2004
Édition
l'Harmattan

Extrait

AVANT-PROPOS, par Laurent Bonnaud

Le centenaire du traité d’Entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni est l’occasion d’un renouvellement de la réflexion sur les relations entre les deux pays. Nous aurions pu emprunter bien des pistes à cette fin.
Conscients du caractère hautement énigmatique des rapports entre Français et Anglais , nous avons choisi de présenter quelques moments forts et phases critiques de cette Entente et de poser la question de sa réalité. Pas toujours cordiale, souvent asymétrique, elle demeure toutefois vivante, tour à tour mise en doute et sollicitée. Les crises et les incompréhensions y trouvent leur place tout comme les succès communs. Au-delà des relations officielles, il apparaît nécessaire de prendre en compte sa dimension collective et les représentations qu’elle suscite.
François Crouzet nous livre une synthèse inédite des relations intergouvernementales franco-britanniques de 1904 à nos jours, et pose la question de leur corrélation avec les opinions publiques. Le portrait que Serge Cottereau brosse de Clemenceau reflète certains paradoxes de l’Entente ; d’autres s’épanouissent au sein de la communauté scientifique de la Belle Epoque (Jean Dhombres). Mais c’est avec la Grande Guerre que la relation franco-britannique change fondamentalement : Christine Okret-Manville révèle qu’il s’agit aussi d’une construction. Hors du siècle de l’Entente, Charles-Edouard Levillain nous offre une incursion dans une histoire commune de longue durée, dont les échos portent jusqu’aux subtiles perceptions actuelles, dépeintes par Charles Hargrove et par Christophe Campos.
Quelques solides fils conducteurs ont été tendus tout au long du siècle entre les deux rives de la Manche : le rugby qui, revu ici par Jean Lacouture, prend un sens nouveau ; le va-et-vient des influences vestimentaires (Jean-Denis Franoux) ; la culture pop contestée autant que contestataire (Bertrand Lemonnier). Laurent Bonnaud évoque le développement de deux grands programmes technologiques, exemples en devenir d’une culture d’entreprise partagée, dont Isabelle Lescent-Giles nous explique les ressorts et les enjeux.
Symboles, valeurs et lieux de mémoire sont mis en question avec une priorité : distinguer les perceptions émergentes et celles que nous avons reçues en héritage (Mathieu Flonneau). En conclusion, Jean-Marie Le Breton replace le siècle de l’Entente cordiale dans une perspective diplomatique de long terme.
Plusieurs thèmes communs et figures partagées, passeurs nécessaires, jalonnent cet ouvrage d’un chapitre à l’autre : les équipes de rugby vêtues de blanc ou de bleu, les ombres portées de Washington et de Bruxelles et le mannequin Twiggy, pour n’en citer que quelques-uns. Ils disent la richesse de la trame qui lie les deux communautés. Mais l’un des enseignements principaux de ce France-Angleterre est peut-être que leur relation se fonde moins sur les caractères intrinsèques de chaque pays que sur sa position, son rôle et son potentiel au sein d’ensembles plus larges : empires coloniaux, Communauté européenne, Alliance atlantique ou, référence récurrente, par son rapport avec l’Allemagne.
Le centenaire de l’Entente Cordiale coïncide avec un agrandissement sans précédent de l’Union européenne. Vingt-cinq ans après l’ouvrage pionnier Dix siècles d’histoire franco-britannique, de Guillaume le Conquérant au Marché Commun le moment est donc approprié pour prolonger la réflexion sur cet axe relationnel majeur du continent européen.

REMERCIEMENTS

Cet ouvrage n’aurait pas été possible sans les enseignements et les conseils de François Crouzet. J’ai eu la chance de découvrir les premiers en Sorbonne. Les seconds ne m’ont jamais fait défaut depuis. Jean Lacouture a d’emblée accordé sa confiance à ce projet, ce qui a constitué un immense encouragement. Nicola Eaves a doté d’une English touch plusieurs des résumés publiés à la fin de l’ouvrage. Chacun à leur manière, les proches de l’auteur ont contribué à rendre ce livre meilleur. Que tous ici soient chaleureusement remerciés.