A deux pas de chez vous

Un critique littéraire poignardé en pleine Foire du Livre par un écrivain mécontent…
Mort mystérieuse d’un dentiste…
Un nouveau drame de la jalousie…
Du neuf dans l’affaire de la disparue de Jette…
L’éventreur a encore frappé…
Un académicien dépouillé de l’œuvre de sa vie…
Carambolage sur l’autoroute des Ardennes…

Tels sont quelques-uns des sujets traités dans les 11 nouvelles qui constituent ce recueil. Toutes sont bâties autour de l’un de ces faits divers dramatiques que nos journaux nous présentent quotidiennement en quelques lignes. C’est là, justement, que l’auteur a puisé son inspiration. Chaque texte est en effet précédé d’un entrefilet (fictif) relatant de manière succincte ou incomplète un fait divers qui se trouve ensuite développé. Chaque nouvelle devient ainsi une sorte de mini-polar ou de tout petit roman psychologique qui permet au lecteur d’en savoir plus, d’entrer dans la vie des protagonistes et, quelquefois, de connaître le dénouement de l’affaire.
Quant au titre, il est bien sûr un clin d’œil au film qui a révélé Benoît Poelvoorde, le désormais fameux « C’est arrivé près de chez vous ».

Fiche

Visuel
Images
Année
2017
Édition
Zellige

Extrait

Les spots se sont allumés, les caméras se sont orientées vers la lumière. L’improbable ministre de la Culture (ou « ministresse » peut-être ?) s’est levée, ravie comme toujours de se trouver au centre de l’attention générale. Elle a placé sur le pupitre installé à cet effet quelques feuillets qu’elle s’est mise à lire à toute vitesse. Sans rien comprendre, de toute évidence, aux propos du nègre qui avait commis ce ramassis de banalités. Un désastre. Convenu, insignifiant, confus. Il y a eu des applaudissements. Sans conviction, un Monseigneur engoncé dans sa graisse frappa comme tout le monde ses paumes l’une contre l’autre ; il avait l’air profondément ennuyé – et j’avoue qu’on le serait à moins. Pour les béotiens, je précise que ce Monseigneur n’est pas un dignitaire de l’Église comme on pourrait le croire, mais un prince du sang parmi les quelques exemplaires que compte notre pays, car c’est ainsi qu’on les nomme chez nous. 

D’autres personnages plus ou moins importants ont pris la parole à leur tour avant que le grand écrivain du jour, invité d’honneur et académicien, se fendît enfin d’un discours digne de ce nom. Y a pas à dire, un écrivain, un vrai, c’est quand même autre chose que tous ces universitaires bavards. Il fut disert, chaleureux, drôle par moments et émouvant quelquefois, et tout cela sans dépasser le petit quart d’heure au-delà duquel se relâcherait forcément l’attention d’un public avide de nourritures plus terrestres.

Je me suis souvenu de ce temps où j’étais du sérail, quand je rêvais de me trouver un jour à sa place. C’était possible alors. Tout était encore possible. L’avenir était devant moi, riche d’espérance et de livres à naître. J’étais un peu connu, la critique avait remarqué mes premières œuvres et salué mon « talent prometteur ». Tel certain chanteur aujourd’hui au déclin de sa vie et de sa renommée, je m’voyais déjà…