J’aime la nuit
quand tous les chats sont gris
et qu’ils s’en vont
sur les toits endormis
semer mes rêves perdus
parmi les gouttes de pluie

Le soir, dans la ville, des lumières se mettent à vivre un peu partout. Les voitures roulent dans les rues, tous phares allumés. Les réverbères s’embrasent les uns après les autres au long des avenues et des carrefours. Au cœur des maisons, les familles se réunissent sous la lampe. Dans les bureaux, dans les studios d’étudiants, l’ombre recule autour du halo diffusé par un ordinateur. C’est l’heure où dans leur chambre les malades allument la télé, et aussi les vieux, les solitaires. Des milliers d’écrans se mettent à scintiller, à clignoter, à parler.
Moi, je marche dans la nuit. J’avance à l’aventure, sans trop savoir ce que je cherche. J’ai remonté le col de ma veste. Il fait froid, humide. L’hiver n’est plus très loin. Des néons rouges, bleus, verts me disent des produits et des lieux créateurs de bonheur.
Je regarde tous ces mots qui brillent et étincellent contre le noir profond du ciel, et je les assemble pour en faire un poème que personne, jamais, ne lira.