La tueuse de Nandrin

Il fait très beau en ce samedi 2 juillet 1842 à Nandrin, un petit village qui se situe à quelque 50 km à l’ouest de Liège. Un fin croissant de lune se découpe dans le ciel étoilé. Tout est calme dans le village… sauf chez les époux Hanon, où comme chaque jour, on se querelle, on crie, on blasphème, on s’injurie, on se menace. Cela n’étonne plus personne, car cela fait des années qu’ils se déchirent ainsi.
Leur demeure est une fermette qui ne paie pas de mine, accolée à une grange dans laquelle se trouve entreposé le produit de la modeste bure minière exploitée par l’époux, Nicolas Hanon. 
Le mot « bure » désigne, en ce temps-là, désigne un puits de mine intérieur creusé entre deux ou plusieurs galeries. la révolution industrielle n’a pas encore atteint ces campagnes reculées, et  la manutention y est toujours assurée par un simple treuil à bras, encore appelé « manivelle ». Les filles Smal sont quelquefois seules à la manivelle de la bure, expliquera un témoin, mais le plus souvent c’est Marguerite, l’épouse, qui tenait la manivelle. Hanon descendait seul ; il mettait le pied sur un crochet de fer et se faisait descendre au moyen de la manivelle maniée au-dessus de la bure.