Dehors, le couchant n'en finit pas de mettre de l'or, de l'ocre et du rose dans le ciel. Malgré elle, Lolya pense que c'est bon signe. Il fera beau demain. Elle marche dans la rue, serrée contre sa mère, et leurs deux silhouettes de loin semblent n'en faire qu'une. Son téléphone portable vibre doucement dans la poche de son jean, elle le prend, regarde l'écran. C'est un message. Elle l'ouvre, le lit. Je pense à toi, je suis avec toi, je t'aime. C'est signé Raph. Comme s'il savait.

Elle respire profondément, lève les yeux vers le ciel dans lequel brille déjà la lune, mince et courbe. Une étoile palpite faiblement. Elle se dit que plus rien ne sera jamais comme avant. Sa grand-mère, avant de mourir, lui a appris ce que sont la vie et la mort, le pardon et la tolérance, la peur et la sérénité. Elle a l'impression d'avoir grandi, d'avoir passé un cap. 

— Tu sais, maman… je lui parlais beaucoup, et je suis certaine qu'elle m'entendait. Parfois j'avais l'impression qu'elle répondait. À la fin, elle a voulu que je voie ses yeux, je suis sûre qu'elle l'a fait exprès, c'est son dernier cadeau…

Maman se tait, mais la serre plus fort contre elle. Lolya ne dit plus rien, mais elle pense que la vie est belle et longue, et que l'on ne meurt jamais tout à fait.